Les sobriquets d'autrefois
entre
Rance et Couesnon
par Marcel JUHEL
*JPT* - Avertissement - Si les sobriquets désignant des individus n'étaient généralement par bien méchants (*) et acceptés le plus souvent avec bonne humeur, ce n'était pas le cas de ceux qui ciblaient les habitants des communes voisines et bien souvent rivales. Le temps ayant passé, ces sobriquets (ou signoris) font désormais partie de notre petite histoire. Nous espérons donc que ce texte n'éveillera aucune rancœur chez le lecteur. |
A Landudal on n'allume pas
Vous trouvez que ce n'est pas très gentil pour les habitants de Landudal...! D'ailleurs ces vers me font penser à la chanson de Jacques BREL dans laquelle il dit : « chez ces gens-là , Monsieur, on ne pense pas.....on prie ». Mais nos ancêtres n'étaient pas plus gentils qu'ils n'étaient tristes... ou sous la coupe du clergé... ou tempérants... ou abstinents. D'ailleurs nous sommes à leur image. Ils prenaient simplement un peu plus de temps pour observer les travers des autres. Comme on dit encore au Québec. ils adoraient <se tirer la pipe>. Voulez-vous vous laisser "embarquer" pour que tous ensembles nous essayions de retrouver les sobriquets d'antan ? Ils étaient abondamment utilisés par nos ancêtres du Clos-Poulet (nous déborderons un peu... !), qu'ils soient marins ou cultivateurs. Les sobriquets et surnoms des villageois sont aussi vieux que les hommes et se sont maintenus au cours des siècles. Ces moqueries témoignent des us et coutumes en milieu populaire et notamment du parler savoureux et imagé des gens simples de nos communes. Le phénomène s'observe sur toute la France. A l'exception de sobriquets particulièrement marrants donnés à des individus... mon idée est surtout que nous nous consacrions aux sobriquets dont étaient affublés l'ensemble des habitants d'un village, afin de recueillir ces informations qui ne subsistent plus que dans la mémoire ensommeillée de quelques personnes âgées.
EXEMPLES HORS BRETAGNE
L'Acadie, des gens d'cheu nous... ou peu s'en faut :
Nos marins quand ils n'étaient pas en mer, ne restaient
pas à la maison car leur femme leur disait qu'ils les
gênaient dans leur travail. Ils se retrouvaient alors en
bandes de copains pour discuter de tout ce qui passait à
leur portée. Ils se donnaient des surnoms entre eux, puis
leur esprit railleur s'appliquait à donner des surnoms
hauts en couleurs à tout ce qui bougeait autour d'eux.
Les paysans en révolte portaient fièrement leurs
sobriquets, restés gravés dans l’Histoire. Souvenons-nous
:
===Toujours sous la rubrique des sobriquets, mais dans la marine cette fois :
---Le capitaine était appelé "le vieux "
Ces "sobritchais" imagés, frappés à l'emporte-pièce,
avaient généralement pour origine un bout d'histoire, un
travers populaire, une anecdote locale, un usage disparu.
C'est ainsi que je n'ai jamais pu déterminer pourquoi on
appelait les habitants de Pleugueneuc les "Chouans
roux"... alors que Pleugueneuc a toujours été un village
rouge (même de nos jours...). Il est vrai qu'il y avait 4
châteaux, ceci expliquant cela.... !
<<Le souvenir s'éteint, la cueillette des informations est devenue fort difficile. Le brocard ne subsiste plus et s'efface définitivement avec la disparition des coutumes et moeurs originales qui caractérisèrent autrefois chacune de nos régions, chacune de nos contrées, chacune de nos bourgades >> Avant qu'il ne soit trop tard. essayons de combler ces lacunes. CANCALE
Deux sobriquets :
===Les "berdots". Donné également aux habitants de HIREL.
===Les "mangeoux d'orbiches "
SAINT-PÈRE-MARC-EN POULET
Les "aconis"
Théodore CHALMEL donne l'explication suivante :
*JPT* Toujours en Cancalais acôni = sourd
LA GOUESNIÈRE
Les " batonniers". Les habitants de la commune passaient
pour des gens querelleurs, procéduriés. *JPT* ou aussi les "Chouans"
CHATEAUNEUF ( Châtiaouneu)
Les "teignoux", expression qui désigne une population
crasseuse. Je ne suis pas sur de cette interprétation car
"crasseux" se dirait plutôt "craçous".
MINIAC-MORVAN (en gallo : Miniâ ) Trois sobriquets à eux tous seuls...
1/---"Ventres d'bleu na " (blé noir) par opposition aux
"Ventres d'paumelle" (orge), sobriquet donné aux gens de
Pleudihen. Là aussi j'ai une hésitation. il me semble me
souvenir que "paumelle" a une autre signification (
peut-être liée au cidre...ce qui s'imposerait à Pleudihen
!). Qui voudrait bien donner son avis ?
LA FRESNAIS (La Frênâ ) 1/---Les "pattes vasouses" = les pieds dans la vase.
SAINT-BENOIT-DES-ONDES Les "Bénédictins " …dont Saint-Benoit est le patron.
SAINT-COULOMB
Les "Ducs ", les fiers.
SAINT-MÉLOIR (Saint-M'laï )
Les "Glorieux ", gens imbus de leur personne, orgueilleux, prétentieux, vaniteux. On dit aussi "Lorieûs ".
LA VILLE-ES-NONAIS (La Ville-es-Nonâ)
Les "Tocsons dévirés "
SAINT-SULIAC (Saint-Suliâ )
Les "Margattes», nom gallo de la seiche.
PLERGUER
Les "braies gâres". ceux qui portent des culottes
bicolores.
BONNEMAIN
1/---Les "haut hannés". Les "hannes" ce sont les culottes.
<<Boutonne don ta hanne !>> ; <<Tu perds
tes hannes >>. Haner veut aussi dire habiller.
SAINT-GUINOUX
Les "Coucous".
Revenons à nos "coucous"..... ils étaient très nombreux à lancer leur appel dans les arbres. je doute fort qu'il en soit encore ainsi de nos jours !
À SAINT-LÉONARD(qui fait actuellement partie d'Épiniac) on
était plus explicite:
Le mariage voilà un beau sujet !
À CANCALEon posait la question suivante :
MEILLAC( Meuillâ) Les "Houssus". Houssu = mal peigné. Ils portaient les cheveux très longs et on disait :<<Aund y'a d' la paille... y'a du grain !>>....allusion fine aux "habitants" problématiques de ces luxuriantes toisons. "Houssé" veut aussi dire habillé : <<Comme il ét mal houssé !>>
DOL-de-BRETAGNE Les "fouéroux".
Certains disent que c'est à cause des fièvres dues au
marais de Dol. Je n'y crois pas car dans ce cas on dirait
plutôt "fièvroux".
Je vois plutôt ce sobriquet dériver de "fouère" (foire).
Dol était un centre de foires et d'assemblées. Pourrait
laisser supposer que les habitants aimaient faire... la
fouère.....
Ne pas confondre avec "fouéreux" dans "un pet fouéreux".
c'est à dire peu orthodoxe....je ne vais pas vous faire un
dessin !
Il écrit d'abord :
<<Silence aux détracteurs de la vieille métropole !
Non, ce n'est plus la marécageuse cité habitée par une
population au teint chlorotique, au tempérament débile et
fiévreux....>> Alors "fièvroux" ou "fouéroux" ? MONT-DOL (JPT) Les "ventres jaunes" CHERRUEIX Si les habitants de Saint-Suliac sont des "Margattes". ceux de CHERRUEIX sont des "Ventres de Margattes" en fait les os de seiches, dont sont friands certains oiseaux et que l'on trouvait (trouve ?) beaucoup sur les grèves de la commune. *JPT* Mais aussi : les "chiens" ???
BAGUER-MORVAN(Badyé)
Les "Chouans".
LANRIGAN
Les "Chie-en-hannes et les pattes naires ".
Les galettes de blé-noir (sarrasin) (Krampouz en breton), qu'il ne faut pas confondre avec les crêpes (froment), sont à l'origine de plusieurs sobriquets : SAINT-SYMPHORIEN
Les"Hec-à-galette". La "hec" étant le râteau qui sert à
étendre la pâte sur le galetier. Dans les inventaires
après décès, dans la longue (et pauvre ) liste de ce que
possédait le défunt. il y avait toujours un galetier...et
ses accessoires......la vache avec son petit nom et
souvent le cochon.
Dans nos campagnes. on ne se contentait pas de trouver des "sobritchés" aux voisins...on savait aussi conter et au besoin rire de soi et de ses travers. C'est ce qu'il ne faut pas oublier pour ne pas considérer à tort ces sobriquets comme de la simple médisance. LA BOUSSAC Les "Chie galettes". ce qui veux évidemment dire que les habitants ne se contentaient pas de manger la galette le vendredi. Il est vrai que cette galette peut se manger avec toutes sortes de choses pour changer le menu : avec des "gourganes" dans la soupe, en petits morceaux dans du lait "ribot" ou "lait de beurre" (ribot veut dire beurre en breton). etc.
SAINT-JACUT-DE-LA-MER
Pour les femmes, pas de difficulté, elles étaient appelées
"les seneuses" car pour pêcher la crevette et le bouquet
sur les fonds sableux, elles utilisaient une sorte de
filet appelé la "senne".
2/---Je ne peux éviter de faire un rapprochement avec un
autre pays de marins : Miniac-Morvan . Depuis les temps
les plus reculés jusqu'au milieu du XXème s., à
Miniac-Morvan, le premier lundi de décembre était
organisée une foire des terres-neuvas appelée <<
foère-es-maraouw >>.
*JPT* A Cancale le terme de "maraou" désignait les habitants du marais de Dol. Par extension c'était plus généralement tous les paysans qu'on enrolait pour la pêche.
ÉPINIAC ( Eupinia )
Les "ventres de rochettes" EN MONTANT DANS L’BAÏDIEU
A l’opposé du halage, il y avait d’énormes merisiers. Ces
merisiers sauvages se trouvaient , à cette époque, en
plein rapport…et c’était cela qui tentait les mômes ! Le
grand avait bien essayé de grimper dans l’un d’eux, mais
le tronc était trop gros. Alors il eut une autre idée : en
poussant au derrière du petit, il réussirait à le faire
attraper une basse branche chargées de
<<baïdines>>. Le jeune attrapa ainsi la
branche à deux mètres du sol, puis il réussit même à s’y
accrocher des deux pieds et à s’éloigner du tronc. Mais
lorsqu’une main lâcha pour saisir une poignée de cerises,
tout céda et il tomba sur le dos dans une de ces bouses de
vache dont je viens de parler. Sans elle, il se serait
fait très mal ! Si le choc fut amorti, ce ne fut toutefois
pas sans conséquences, la bouse était entrée par sa
culotte courte, et si la mère n’avait pas autant jacassé,
elle l’aurait sûrement entendu crier. Le grand frère,
voyant le tableau, ne savait pas par quel bout prendre le
petit frangin, alors approchant du bord de l’eau et
prenant son souffle, il lança avec un superbe accent de
Saint-Domineuc :
LANHÉLIN :
Les "Picotous», du fait des carrières de granit et des
fameux tailleurs de pierres, les "Picoteux".
MESSAC (Msa)
Les "Pahous». Les lourdauds, les maladroits.
VIEUX-VIEL ( Vieuvet ou Vieuva)
Les " hourriquets".....explication non trouvée.
LANVALLAY (Lanvala)
Les "Cotissois". Cela viendrait de "coti" (verbe : cotir =
casser) que nous avons déjà vu pour
Saint-Père-Marc-en-Poulet. On peut être coti de différente
façon, semble-t-il:
SAINT-SOLEN
Les "Rouenniaoux», autrement dit les "rochonneux".
SAINT-BRIAC
Les "Piss-piss" du nom d'une grosse coque qui pisse en
l'air quand on la ramasse.
CUGUEN
Les habitants s'appelaient les Cugennais, nom que l'on s'est empressé de déformer en "Culs-guennés".
COMBOURG
Les "Gros-chevaux".
SAINT-HÉLEN
Les "pattes jaounes " : pattes jaunes.
SAINT-DENOUAL
Les "essuâs". "Essua ": bagarreur, querelleur.
ROZ-SUR-COUESNON ( RÔ)
Les "rouchoux d'os ". Ils rongeaient les os, par esprit d'économie.
TRANS (TRA-HAN)
Les "cheuvres" (chèvres) ...ou les "gourganiers», mangeurs de gourganes (les fèves). C'est encore le même mot de "gourgane" qui est conservé au Québec. Des gourganes dans du lait ribot. c'est également excellent.
SAINT-JOUAN-DES-GUÉRETS
Les "gorets " c'est à dire les cochons. jeu de mots un peu simpliste !
PLESDER
Les "guerzilloux d'fouyé" c'est à dire les grillons du foyer. On voulait dire par-là que les hommes préféraient rester au coin du feu... plutôt que d'aller travailler.
TINTÉNIAC
Les " culs plats ". Il s'agit d'un surnom que l'on donnait en général aux cordonniers. Y-en avait'il beaucoup à Tinténiac ? Tinténiac est plutôt connue... pour son église construite au début du XX ème s.. et dont l'architecture est proche du délire (mélanges de styles, gigantisme...)
SAINT-SERVAN
Les "Capucins". et je suppose: les "Capucines ".
PARAMÉ
Les "Mulets".
Est-ce du fait des mulets qui tiraient les petites
charrettes des gens de Paramé ?
MÉZIÈRE-SUR-COUESNON
Les " Pians", c'est à dire les coquins, les rusés. Il fallait être "pian" pour tirer parti des tendances bretonnes et normandes.
TRÉVERIEN
Les "Pirottes" et les "Pirottous ". Les "Patous" de la commune conduisaient leurs troupeaux d'oies en criant :<<pirotte,
SAINS (apport de Michel PELÉ)
Au début de ce siècle les habitants de Sains vont hériter
du surnom de
«mouchoux ».
PLÉDÉLIAC
...pourquoi ? ...c'est bien loin ! Parce que cette
paroisse (sur laquelle se trouve La Hunaudaye ), semble
être le berceau des JUHEL :
Il est vrai qu'en ce moment j'aimerais bien pouvoir dire :
(*) Vous pouvez retrouver de nombreux sobriquets cancalais dans un article du n° 2 des "Cahiers de la vie à Cancale" |