Chronique de la vie dans la paroisse de Cancale
pendant la Révolution

Texte inspiré des  cahiers de la vie à Cancale.  par Henry Gasnier

La vie dans la paroisse de Cancale, de 1789 à 1804 . . .

1789 à 1791 : la Constituante.
1791 à 1792 : la Législative.
1792 à 1793 : la Convention Girondine.
1793 à 1794 : la Convention Montagnarde.
1794 à 1795 : la Convention Thermidorienne.
1795 à 1799 : le Directoire.
1799 à 1804 : le Consulat.
1804 à 1814 : l’Empire.

1788

Le 5 juillet 1788, un arrêt du conseil du Roi annonce l’ouverture des Etats Généraux pour le 1er mai de l’année suivante. Il autorise et conseille que toutes les suggestions utiles à cette réunion soient portées sur des cahiers de doléances ouverts dans toute la France aussi bien par les représentants des villes ou villages que par la noblesse, le Tiers-Etat ou le clergé. Certaines corporations rédigent elles aussi leurs cahiers. La précédente convocation des Etats Généraux n’a pas eu lieu depuis 1614.
 

Le 13 août 1788, un comité se forme à Saint-Malo pour désigner des députés chargés de représenter la région aux Etats Généraux. Monsieur du Vaulérault propose le curé Jean Lemoine, 78 ans, recteur de la paroisse de Cancale depuis 34 ans.
Le 30 novembre 1788, à la suite de la délibération générale des différentes communautés et des corporations de la ville, il est arrêté ce qui suit :

  • La ville de Cancale demande à celle de Saint-Malo de lui octroyer, au moins, une place de député aux Etats de Bretagne et aux Etats Généraux,
  • Chaque député de Cancale devra être défrayé par le District de Saint-Malo,
  • Tous les citoyens tant nobles que roturiers pourront parvenir à occuper les places les plus éminentes de la profession qu’ils auront embrassée,
  • Le commerce à l’intérieur du royaume devra être libre et les droits levés sur les marchandises devront l’être aux frontières,
  • A l’avenir, aucune rente foncière sur les héritages ne devra exister,
  • L’Etat fixera la quantité de terrain employée au bois de décoration, le surplus étant mis en culture pour combler le manque de denrées
  • Trois sortes d’impositions semblent suffisantes, à savoir, les vingtièmes, les fouages par foyer et la capitation par tête d’habitant.

Ont apposé leur signature sur le cahier des charges et de la part de :

la Communauté de Ville : Jean Hermon, syndic et procureur,
Pierre Rouillaud, notaire et procureur,
des Maîtres-chirurgiens : Jean Fortin
des laboureurs : Thomas Lemeilleur et François Poidevin
des Maître de bateaux-pêcheurs : Charles Guilbert
des Maitres-menuisers : François Bouret
des Maîtres-cordonniers : Guillaume Pelé
des Maîtres-bouchers et autres marchands :
Joseph Lemarié, Louis Potier et Josselin Potier
des Maîtres-serruries et forgerons : Michel Boulene, armurier.

1789

Le 12 janvier 1789, la noblesse fait le serment de ne rien changer et définit les institutions de la province bretonne.

Le 25 janvier 1789, la Communauté de Ville persiste dans le contenu de sa délibération du 30 novembre 1788. Le même jour, des domestiques et porteurs de chaises protestent à Rennes auprès du Parlement contre le pris élevé du pain. Pris à partie par de jeunes étudiants qui se moquent d’eux, ils se défendent avec les bricoles, les lanières de cuir qu’ils utilisent pour porter leurs charges. Le lendemain, les mêmes étudiants molestés la veille, affrontent des nobles armés sortis du siège des Etats de Bretagne. Trois hommes sont tués dont deux nobles amis de Chateaubriand. Ce sont les premières gouttes du flot de sang que la Révolution devait répandre ensuite.

Le 3 février 1789, la jeunesse bourgeoise et patriote de Bretagne décide de se lier par un pacte social, répliquant ainsi au serment prêté, le 12 janvier précédant, par les nobles.

Le 31 mars 1789 est rédigé le cahier des Plaintes et Doléances de Cancale pour qu’il soit déposé devant M. le Sénéchal de Rennes. Le manuscrit contient 12 pages. Les doléances du 31 mars 1789 concernent :

- la réfection de deux grands chemins, l’un pour relier la ville à Saint-Malo, l’autre à Chateauneuf

- le remboursement par le gouvernement du coût des pêcheries implantées dans la baie - la continuation et le perfectionnement de la digue qui protège les maisons du port - la construction d’une caserne et d’un hôpital

- la réduction des impôts de la ville du fait qu’elle n’est habitée que par des marins et que ceux-ci, en temps de guerre, sont tous employés au service du Roy

- que l’obligation faite aux bateaux pêcheurs de Cancale de trier leurs huîtres sur les lieux de pêche soit faite également aux pécheurs de Granville, et autres, qui ne s’y conforment pas

- qu’il leur soit imposé comme à ceux de Cancale d’avoir toujours des deux côtés de leur voile le numéro de leur bateau afin qu’on reconnaisse plus facilement ceux qui ne se conforment pas à l’ordonnance

- la diminution du prix du tabac à fumer pour empêcher la fraude entraînée par le prix de cette denrée qui est le seul plaisir d’une grande partie du peuple de marins de cette province

- le besoin indispensable pour cette commune d’avoir au moins deux députés pour la représenter aux assemblées nationales et provinciales ainsi que d’avoir le droit de se former une communauté avec un maire, des sous-maires électifs et des échevins .
 

L’assemblée ainsi réunie désigne pour la représenter aux Etats Généraux de Bretagne 4 députés : Jean Rouillaud, bourgeois - Gilles Brehier, fermier - Gilles Beaudouin, et François Chartier tous deux anciens capitaines de navires. Dès le mois de septembre suivant, les événements parisiens, les idées démocratiques des Rennais et des Malouins incitent les Cancalais à changer les structures administratives de la Paroisse. Une administration municipale se crée. Elle remplace le Conseil de Fabrique qui gérait jusqu’alors la paroisse.

Le 5 mai 1789, ouverture des Etats Généraux à Versailles. Le 20 juin 1789 les membres du Tiers-Etat font le Serment du Jeu de Paume. Le 9 juillet 1789, le Tiers-Etat se proclame Assemblée Nationale Constituante. Le 14 juillet 1789, c’est la prise de la Bastille qui symbolise les injustices et les abus du régime, c’est aussi le début de l’émigration.

Le 16 juillet 1789, création de la Commune de Pais.

Du 20 juillet au 6 août 1789, les émeutes paysannes provoquent la Grande Peur dans les campagnes. Les châteaux sont pillés. Le 4 août 1789, abolition des privilèges et confiscation des biens du clergé et des émigrés, pour être mis à la disposition de la Nation.

Du 20 au 26 août 1789, rédaction et publication de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. En septembre 1789, dans le but de défendre son territoire et de faire respecter la loi, la nouvelle administration municipale crée un milice municipale dont l’effectif est composé de 70 volontaires au lieu du tirage au sort qui existait avant. Agitation à Paris, les 5 et 6 octobre 1789, la famille royale est contrainte de s’installer aux Tuileries. Le 9 novembre 1789, l’Assemblée Constituante s’efforce de résoudre la crise financière en confisquant les biens du clergé comme garantie des assignats !

 

1790
Monarchie non absolue


Le 15 janvier 1790, réorganisation administrative de la France qui est divisée en 83 départements, chaque département est divisé en districts, ceux-ci en cantons qui regroupent les communes. La commune est dirigée par un « Conseil général » composé de deux catégories de citoyens tous élus pour 2 ans : d’une part, les notables et d’autre part, les officiers municipaux qui sont présidés par le maire. Le maire est assisté par un procureur qui représente le roi et les contribuables.

Le 13 février, suppression des ordres religieux.

Le 18 février 1790, en l’église paroissiale de Cancale, aux huit heures du matin, après la messe du Saint-Esprit, il est procédé à l’ouverture de l’Assemblée. Les citoyens actifs et éligibles de cette Ville et Paroisse, ont été convoqués par affiche à la porte de cette Eglise et avis répété aux sons de caisse et de cloche, pour procéder à la nomination d’un Maire, d’un Procureur de la commune et de 8 Officiers Municipaux. La population de cette dite ville s’élevant à 3.253 âmes, il sera procédé à l’élection de 18 notables selon le désir des décrets de l’Assemblée Nationale. Le dépouillement des votes permet de connaître la composition de la première municipalité de Cancale :


- Maire : François Chartier des Vaux avec 85 voix sur 150

- Procureur : Pierre de la Lande Rouillaud, démissionnaire le 21 février remplacé par Jean Duchesne, Sieur des Noyers

- Officiers municipaux : Jean-François Lignel, Charles Robichon, Thomas Lemeilleur, Louis Gauvain, Gilles Brehier, Beaudouin de La Croix, l’abbé Julien Lemoine, Etienne des Bois.

- Notables : François Poitevin, Jacques Grossin, Julien Peigne, Guillaume Pelé, Guillaume Launay, l’Abbé Hermon, Fortin de la Belle issue, Du Vallon Violette, Le Procureur Hermon, Isaac Tual, Gilles Baudouin, Alexandre Baudouin, l’Abbé des Bois, Tirel de la Grèce, Joseph Lemarié, Du Chesnay, Henri-Louis Cadiou, Pierre Raquidel.


La première mairie de Cancale est installée dans les locaux de l’ancienne audience du Seigneur du Plessis-Bertrand, actuellement bibliothèque. Les officiers municipaux s’inquiètent de la salubrité et de la sécurité de la ville. Ils établissent le premier règlement de police municipal :
1) il ne sera pas toléré de tas de terreau, ordures et autres dans l’enceinte de la ville.
2) les rues, places et cours seront tenues propres.
les bouchers ne pourront laisser couler le sang des animaux sur les places ou rues dans l’enceinte de la ville. Ils devront le faire s’écouler au-dessus de fosses ou réservoirs qu’ils devront vider hors des limites de la ville et de telle façon que cela ne gêne personne.
Les marchands de vins et cidres ne pourront servir après 10 heures du soir sauf aux pêcheurs qui partent en mer. Les boutiques resteront fermées pendant la grand-messe.
tous les marchands fermeront boutiques les dimanches et fêtes commandées. Les marchands merciers qui étalent dans les quartiers couvriront leurs étals pendant le service divin et le prône.

Le 5 avril 1790, le premier bureau de poste est ouvert. Il est ouvert tous les jours. Le premier « valet de ville » est Etienne Pilot dit Montauciel. Pour chaque lettre ou paquet, il perçoit un sol et la distribution s’effectue au bureau dans le bourg. Pour les distributions à domicile, le tarif est le suivant : 6 deniers pour les habitants du bourg, 1 sol pour ceux des villages voisins et 2 sols pour les villages éloignés.

Le 25 avril 1790, après la messe, la contestation de la Milice Nationale de Cancale fait chanceler l’autorité de la toute jeune municipalité. Les fonds municipaux ne permettant pas d’acheter des drapeaux pour les différentes compagnies cancalaises, les officiers municipaux regagnent l’Hôtel de Ville sous les invectives des miliciens.

Le 2 mai 1790, les esprits se calment et le silence retombe sur cette affaire !

Le 7 juin 1790, des mendiants étrangers à la paroisse ne cessent de sillonner la ville pour quémander de la nourriture. Ordre est donné à la milice de les chasser et de les emprisonner pendant 8 jours en cas de récidive. A Paris, création de la seconde Commune et suppression des titres de noblesse.

Le 10 juin 1790, le Conseil de Fabrique, considérant que le nombre des pauvres est si grand depuis quelques mois, dû à la cessation des travaux et coût élevé des bleds, décide de lever un emprunt de 1.000 livres qui sera employé aux besoins les plus pressants jusqu'à la récolte prochaine.

Les bancs de l’Eglise sont attribués à des familles ou à des particuliers moyennant une location annuelle. Les trésoriers du Conseil de Fabrique, les citoyens Brehier et Champion, portent plainte auprès du maire car les bancs sont sans cesse déplacés par des habitants qui ne paient rien ! Il est alors décidé de dresser un inventaire pour que les bancs non loués soient mis en dehors de l’église pour être vendus au plus offrant.
Le 11 juin 1790, le Maire, Monsieur Chartier est à Rennes. Il achète 4 livres et 10 sols, une écharpe « bleu, blanc et rouge » frangée or avec un noeud d’attache or correspon-dant à sa fonction. Selon la lettre patente du roi du 26 avril 1790, le noeud d’attache est or pour le maire, blanc pour les officiers municipaux et violet pour le procureur-syndic.

Le 21 juin 1790, les 1033 citoyens actifs du Canton de Cancale choisissent 10 grands électeurs pour former l’assemblée administrative du District de Saint-Malo. Maître Hubert, avocat, entre au sein du directoire du District de Saint-Malo avec un indemnité annuelle de 1.200 livres.

Le 12 juillet 1790, le Constituante impose une nouvelle organisation à l’Eglise de France :
- non reconnaissance de la suprématie pontificale,
- nomination des Evêques et des Curés par des électeurs,
- réduction de leur liberté d’action pour l’administration des diocèses et des paroisses,
- prestation d’un serment à cette constitution civile du clergé sous peine d’exclusion.

Le 14 juillet 1790, Paris célèbre la Fête de la Fédération. A Cancale, après la grand-messe de 10 heures, un détachement de grenadiers de la garde nationale forme une haie d’honneur pour accueillir le corps municipal. Le cortège se rend sur la place commune afin d’y recevoir le serment de la milice nationale : « d’être à jamais unis par des liens indissolubles d’une saint fraternité, de défendre jusqu’au dernier soupir la Constitution de l’Etat, les décrets de l’Assemblée Nationale et l’autorité légitime de nos Rois ».
En août 1790, des vols en série inquiètent la population. Trois voleurs pris en flagrant délit sont appréhendés et envoyés à la prison du Fort des Rimains, plus sûre que celle de l’Hôtel de Ville.

Le 8 novembre 1790, conformément à la loi des 16 et 24 août 1790, il est procédé à l’élection d’un juge de paix. Du fait de l’intensité de son trafic portuaire et de l’importance de sa population, Cancale est choisie comme chef-lieu de canton où s’implante cette nouvelle juridiction inspirée de la justice royale britannique et hollandaise. Le juge de paix, le greffier et ses assesseurs forment un bureau de conciliation. Les nouveaux magistrats sont élus pour 2 ans, et leur compétence se limite aux domaines suivants :
 

  • dommages par les hommes ou animaux aux champs, fruits ou récoltes,
  • déplacement des bornes
  • usurpation des terres, arbres, haies, fossés,
  • emprise sur les cours d’eau pour arrosage,
  • réparation locative des maisons et des fermes,
  • indemnités prétendues,
  • paiement des salaires,
  • action pour injures verbales, rixes, et voies de fait,
  • accueil des familles pour la nomination des tuteurs curateurs.

Pour toute affaire grave, c’est le tribunal du District qui est saisi. A la suite de l’élection, il résulte que Monsieur François Chartier, Maire, est élu Juge de Paix, le citoyen Rouillaud, greffier. Il prêtent serment le jour même, 8 novembre 1970.

Le 27 novembre 1790, obligation est faite à tous les membres du clergé de prêter serment à la Constitution civile dans les huit jours sous peint de destitution. Le 26 décembre, François Chartier démissionne pour conserver sa fonction de juge de paix et le lendemain, Julien Lignel est élu maire par 45 voix sur 68.


 

1791
Monarchie Constitutionnelle

Le 2 janvier 1791, la Municipalité demande par lettre à Messieurs Magon de Coëtizac et Garnier des Moriez, de décliner leurs titres et droits au sujet des bancs armoriés qui leur sont réservés dans l’Eglise de Cancale.

Le 4 février 1791, le territoire de la commune est divisé en 4 sections permettant d’établir un rôle correct et de nommer des commissaires aux contributions foncières : 1ere section La Verrie, 2ème section Terrelabouet, 3ème section La Langotière, 4ème section Le Verger.

Le 6 février 1791, a l’issue de la grand-messe, il est demandé au recteur - Jean LE MOINE, 78 ans, curé de Cancale depuis 34 ans - et à ses trois vicaires : Julien LE MOINE, 46 ans, - Joseph François MATHURIN, 80 ans - Pierre FOUCHER - de prêter serment. Ils s’y refusent devenant ainsi hors la loi.

Le District de Saint-Malo nomme à Cancale le curé Robert Godefroy, prêtre assermenté pour remplacer le curé Jean LE MOINE devenu indésirable. Le maire, le procureur et les officiers municipaux dressent l’inventaire des vases sacrés, ornements et autres effets de l’église de Cancale.

En mai, le Colonel CADENE affiche au « havre de La Houle » un décret de l’Assemblée Nationale notifiant qu’il sera désormais perçu 10 sols par millier d’huîtres vendues à l’étranger. Le pêcheurs demandent des explications. Le ton monte, le colonel est malmené et frappé. Il se retire, hué par la foule de plus en plus furieuse.

Le 6 juin 1791, le fils Magon-de-la-Lande est informé que le droit seigneurial de palotage est supprimé et que sa requête ne peut aboutir.

Le 21 juin 1791, Louis XVI, qui veut s’appuyer sur les souverains et troupes étrangères, quitte secrètement Les Tuileries. Rattrapé à Varennes dans la Meuse, il n’est rétabli dans ses pouvoirs que le 30 septembre suivant.

Le 27 juin 1791, un groupe armé de la Garde Nationale, sous les ordres du colonel CADENE pénètre dans l’église. A coup de hache, ils brisent les 3 bancs armoriés concernant les familles : - Magon-de-la-Lande, ex-seigneurs du Plessis-Bertrand, - Gagon-de-Coëtizac, propiétaires des terres des Grands-Prés depuis plus de 80 ans, - Garnier-des-Moriers, propiétaires de la Langotière.

Ils obligent ensuite les habitants à porter les débris sur la place de la halle et mettent le feu aux bancs. Toujours sous la contrainte, ils poussent les femmes à danser devant le brasier alimenté par du bois volé au Vauhariot. Entre temps, les armoiries qui figurent sur les murs de l’audience et de la tour de l’église sont martelées par la troupe. Le colonel Cadene, ensuite désavoué par le corps municipal, explique cet acte de vandalisme par un excès de patriotisme exacerbé par la fuite du roi . . .

Le 9 juillet, un décret enjoint les émigrés de rentrer en France.

Le 14 juillet 1791, après une messe basse, l’anniversaire de la prise de la Bastille est célébré par le corps municipal et un détachement de la garde nationale en armes. Une salve de 21 coups de canon est tirée par la garnison du fort des Rimains.

Le 17 juillet, 400 personnes sont blessées à Paris lors du massacre du Champs de Mars. Le 8 août 1791, Gilles Baudouin des Forges est élu syndic de marine et Henry Ermenier devient son suppléant. Le Colonel Cadene, chef de la milice cancalaise est promu Lieutenant de la Gendarmerie Nationale à Saint-Malo. La ville de Cancale est déclarée chef-lieu du 3ème canton du District de Saint-Malo. Outre Cancale, ce canton comprend les communes de St-Méloir, St-Benoît et St-Coulomb.

Le 18 septembre 1791, des bateaux du Cotentin déchargent des huîtres dans le port de la Houle malgré qu’il soit interdit de draguer dans la baie avant le 15 octobre. Le chargement est aussitôt saisi et vendu au profit du bureau des pauvres de la commune. Le bureau de Charité ayant été dissout dès le début de la Révolution, il est remplacé par le bureau des Pauvres dont le fonctionnement est assuré par : - les dons divers - ¼ du montant des amendes en espèces - des amendes en nature (pain ou grain) - les subsides épisodiques de l’Etat.

Le 30 septembre 1791, à Paris, l’Assemblée National Constituante est dissoute et l’Assemblée Législative lui succède. Les Députés dont elle est constituée appartiennent aux formations suivantes : - Les Jacobins, à gauche, 136 sièges - les Indépendants, au centre, 300 sièges - les Feuillants, à droite, 263 sièges. Soit, un total de 699 députés. En décembre 1791, Cancale change de municipalité. Joseph Tirel de la Grèce est maire à la place de Julien Lignel et Jean Desnoyers-Duchesne reste procureur.

1792
Dictature de la Commune - Danton

Le 1er janvier 1792, la nouvelle municipalité émet le deuxième règlement de police de la commune : - interdiction de servir à boire et de faire du commerce pendant l’office et après 10 heures du soir - nettoyage des places et rues chacun devant chez soi - enlèvement des fumiers - prix du pain fixé à 2 sols - sanction des insultes telles que « trus ou intrus, crates ou aristocrates » par des amendes de 10 livres au profit des pauvres. Un accord est conclu avec les Granvillais, le dragage des huîtres dans la baie cessera le 15 mai.

Le 22 avril 1792, les prêtres non assermentés sont destitués et rejoignent leurs communes de naissance. C’est le cas à Cancale de Guy Desbois, Louis Mauviel, Joseph Lemaître et Georges Heluant qui, ne pouvant supporter de ne plus assurer leur ministère, embarquent de nuit pour Jersey. Ce sont les premiers émigrants de Cancale. Le 6 mai, est affiché la déclaration de guerre au roi de Bohême/Hongrie.

Le 20 mai 1792, Joseph Tirel de la Grèce, recevant injures et calomnies, donne sa démission de maire.

Le 22 mai 1792, après des vols commis dans les églises de Paramé et Chateauneuf, la garde nationale de Cancale, décide d’effectuer des patrouilles sur le territoire de la commune de 8 heures du soir à 4 heures du matin.

Le 29 juin 1792, la garde nationale du canton est réorganisée. Elle est constituée de 9 compagnies de 10 hommes formant un bataillon. Il y a 2 compagnies par commune du canton et 3 compagnies dans la commune chef-lieu de canton.
Compagnies de la Garde Nationale pour Cancale
Compagnie du Bourg
Capitaine Jean Rouillaud 2ème Sergent Julien Carré
Lieutenant Charles Ouvrard 1er Caporal Méen Fauchon
1er S/lieutenant Deff. Detholomey 2ème Caporal Joseph Gourdel
2ème S/lieutenant Guillaume Pellé 3ème Caporal Pierre Mennier
1er sergent Jean Laume 4ème Caporal François Trémorin
Compagnie de la Houle
Capitaine Pierre Mirey 2ème Sergent Jean Lemarchand
Lieutenant Pierre Liénard 1er Caporal Joseph Landrieu
1er S/lieutenant Alexandre Legagneur 2ème Caporal Pierre Boivin
2ème S/lieutenant Louis Cadiou 3ème Caporal François Lesage
1er sergent Yves Henry 4ème Caporal Louis Jobert
Compagnie de la Ville-Gueury
Capitaine François Cadiou 2ème Sergent Guillaume Guillé
Lieutenant Marin Blossier 1er Caporal Jean Sauvage
1er S/lieutenant Antoine Dupré 2ème Caporal Olivier Coeuru
2ème S/lieutenant Georges Cadiou 3ème Caporal Jean Delépine
1er sergent Jean Grandais 4ème Caporal Boulanger

Composition de la Compagnie des Grenadiers du Canton
Capitaine Joseph Avice 2ème Sergent Nicolas Lemarchand
Lieutenant Nicolle 1er Caporal Henry Ogier
1er S/lieutenant François Husson 2ème Caporal Jean Henry
2ème S/lieutenant Noël Goudé 3ème Caporal François Gicquet
1er sergent François Daguin 4ème Caporal François Meslé

Après les guerres successives contre les Anglais et leur débarquement en 1758, la moindre anse est protégée : La Houle, Le Hock, Les Rimains, La Chaîne, Port-Briac, Port-Pican, La Chatry, Barbrulée, Le Grouin, Le Verger . . . Mais, la paix étant revenue, et malgré l’inquiétude de la population, les différentes places sont désarmées. En juillet 1792, la défense des côtes est assurée seulement par un détachement de 20 hommes de la garde nationale qui se trouve en garnison sur le Fort des Rimains.

Le 10 août 1792, le roi Louis XVI est suspendu de ses fonctions. La Marseillaise est entonnée aux Tuileries. Le 1er septembre, les administrateurs du District fixent le prix de la viande de bœuf à 7 sols la livre, la vache, le veau et le mouton à 5 sols. Une vache sur pied vaut à cette époque 54 livres. Danton a tous les pouvoirs, dictature de la Commune.

Le 2 septembre 1792, l’espion Valentin Chevetel, médecin de Bazouge-la-Perouse, révèle à son ami Danton, Ministre de la Justice, qu’un complot se trame dans la région contre la Révolution. (Voir en 1993, le déroulement du drame de la Fosse Hingant).

Le 21 septembre 1792, la Convention nationale décrète l’abolition de la royauté et l’Assemblée législative est dissoute. A Cancale, les pêcheurs veulent faire avancer le dragage des huîtres d’un mois. Le 15 septembre au lieu du 15 octobre car - disent-ils - beaucoup de coquillages sont morts ayant atteint leur maturité !

Le même jour, à Paris, a lieu la proclamation de l’an premier de la république française, une et indivisible. La Convention Nationale se compose de 3 groupes de députés : - les Girondins (droite) - la Plaine (centre) - les Montagnards (gauche). Le premier acte voté est la création d’un calendrier républicain. Le commencement de chaque année est fixé à minuit, le jour où tombe l’équinoxe d’automne pour l’Observatoire de Paris. La première année de la République Française commence donc à minuit le 22 septembre 1792 et se termine à minuit entre le 21 et le 22 septembre 1793. Chaque mois est divisé en 3 décades de 10 jours et les 12 mois se composent tous de 30 jours. En fin d’année, on ajoute 5 jours complémentaires pour atteindre 365 et 6 jours en cas d’année bissextile. C’est le poète Philippe Fabre d’Eglantine, auteur de « Il pleut bergère » qui propose les nouveaux noms des mois :


janvier = nivose = neige
février = pluviose = pluie
mars = ventose = vent
avril = germinal = germination,
mai = floréal = fleurs
juin = prairial = prairies
juillet = messidor = moissons
août = thermidor = chaleur
septembre = fructidor= fruits
octobre = vendémiaire = vendanges
novembre =brumaire = brumes
décembre = frimaire = frimas

Le 30 septembre 1792, Joseph Tirel de la Grèce, escorté d’un détachement de la Garde Nationale, se rend au Bourg et à la Houle pour y proclamer à haute voix l’Abolition de la Royauté. Contrairement à la version officielle qui précise que la population déborde d’allégresse, certains habitants ont des propos et des attitudes contre-révolutionnaires. Plusieurs procès verbaux en attestent ! Le Fort des Rimains ponctue l’événement par des salves de canon soutenues par les armes de la Garde Nationale.
Le 18 octobre 1792, réunion extraordinaire du conseil municipal afin de prendre des mesures contre les pêcheurs suspectés de favoriser les départs des émigrés, de transporter des grains et d’acheminer une correspondance entre les Iles anglo-normandes et la contre-révolution. Ceux-ci, qui ne changent pas d’attitude, sont considérés comme ennemis et l’autorité municipale arrête les mesures suivantes :
- aucun bateau ne pourra quitter le port sans en avoir fait la déclaration à la Douane,
- aucune sortie en mer ne pourra excéder 24 heures,
- si le mauvais temps empêche un retour sur Cancale, il faut obligatoirement relâcher sur
Granville ou Saint-Malo. Dans ce cas, le patron pêcheur devra fournir à la municipalité de
Cancale, un certificat spécifiant ses heures d’attente dans les ports de relâche,
- tout contrevenant sera désarmé sur le champ.
 

Le 21 octobre 1792, il est rappelé aux marchands de farine qu’aucune transaction ne doit se faire en dehors de la halle. Les marchés commençant à midi, il est interdit de faire des achats avant cette heure !

Le 25 octobre 1792, naissance de Jeanne Joucan qui fondera la Congrégation des Petites Soeurs des Pauvres. Le 27 octobre de nouveaux gardes jurés sont élus pour un an : Jean Lebret - Jean Emery - Joseph Guilbert - François Riot. Le 25 novembre 1792, ont lieu les élections pour un nouveau juge de paix. François Chartier est réélu avec 80 voix sur 90 et Noël Goudé emporte le poste de secrétaire-greffier.

Le 1er décembre 1792, il est procédé à la clôture des registres paroissiaux qui, depuis 150 ans, sont tenus par les curés. L’état civil est désormais tenu par un officier public à la maison commune. Il n’y a plus d’acte de baptême mais de naissance, le parrain et la marraine deviennent de simples témoins.

Le 3 décembre 1792, Pierre Delaroche est élu maire en remplacement de Joseph Tirel de la Grèce, et le curé Robert Godefroy remplace Jean Duchesne comme procureur.
A Paris, du 9 décembre au 15 décembre 1792, a lieu le procès du roi Louis XVI.

Le 12 décembre 1792, le « Jean-Joseph » est désarmé pour avoir quitté le port plusieurs jours et son capitaine André Thomas est emprisonné pendant 24 heures. Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1792, les douaniers surprennent un débarquement de 8 personnes sur la plage du Verger. Le bateau, « le Destin », est saisi et ramené au port. Le patron Jean Roussel et le matelot Louis Fauchon ainsi que les 8 suspects, sont arrêtés et conduits au château de Saint-Malo. Ils restent en prison tout le temps de l’enquête. L’inquiétude des autorités grandit car en fuyant un régime qu’ils désapprouvent les émigrants emmènent avec eux leur argent dont le pays a grand besoin. Mais le plus grave, ce sont ceux qui reviennent car ils peuvent être porteurs de missives ou ordres contre-révolutionnaires !

Le 30 décembre 1792, Jean Fortin succède à Jean Duchesne au poste d’administrateur du Bureau des pauvres et le conseil municipal nomme 4 commissaires de police pour 15 jours : Louis Cadiou et Etienne Lenne pour la Houle - Alexandre et Tirel de la Grèce pour le Bourg. Claude Ermenier est secrétaire greffier de la municipalité.
 


1793

Le début de l’année est marqué par un flot d’enquêtes et d’amendes. Plusieurs particuliers sont arrêtés et interrogés, parfois même emprisonnés pour des motifs des plus futiles. Le nouveau procureur de la commune, le curé Godefroy est intraitable. Lors des réunions du conseil municipal, il est persuasif et obtient en général gain de cause. Les aubergistes et cabaretiers sont soumis à un contrôle fréquent car il est interdit de servir à boire pendant la messe et les vêpres. Toutes ces brimades font que ne nouveau procureur devient très vite impopulaire. Les Cancalaises et les Cancalais ne le ménageront pas par la suite.

Le 1er janvier 1793, une amende de 6 livres est versée au bureau des pauvres par le sieur Antoine Bedrinne et sa femme pour avoir servi à boire pendant la messe. Le 4 janvier, les maîtres de bateaux sont accusés par des citoyens de Dol, St Malo et St Servan d’exporter des grains par mer, de favoriser la fuite des émigrants et de transporter du numéraire sur Jersey. Ils menacent même de venir brûler les bateaux de la Houle. Les pêcheurs protestent auprès du maire qui se charges de contacter les élus des villes calomniatrices.

Le 6 janvier 1793, une amende de 3 livres au profit des pauvres est dressée contre Anne Hautchamps, femme de Gilles Cadiou, cabaretière à la Verrie. Elle a été surprise avec 8 autres personnes réunies chez elle autour d’une table avec des cartes. Elles jouaient de l’argent pendant les Vêpres avec une mocque de cidre à portée de main !

Le 13 janvier 1793, Charlotte Lemaître, marchande, est condamnée à 20 sous d’amende pour avoir exposé à sa fenêtre, pendant les Vêpres : un panier de pommes, un plateau rempli de sardines, une livre de chandelles, plusieurs bouts de saucisses et une petite morue.

Le 21 janvier 1793, on procède à Paris à l’exécution de Louis XVI. Aucun commentaire n’est émis par la municipalité sur cet événement dans les semaines suivantes mais la suspicion s’installe dans le pays. Pour mieux contrôler les déplacements des personnes, le gouvernement met en place les certificats de résidence valides 3 mois. Ces documents fournissent de précieux renseignements sur l’âge, l’aspect et la profession.

En mars et avril 1793, la menace d’un débarquement anglais sur nos côtes se fait de plus en plus pressante. La municipalité s’émeut du peu de défense existant sur le littoral. Une commission extraordinaire est nommée par la Convention et un renforcements urgent des défenses est décidé. Le fort de la Houle, classé 1ere catégorie, est servi par 15 hommes de la Garde Nationale. Trois places fortes accueillent des troupes fraîches : le Guesclin (20 hommes) - les Rimains (100 hommes) - Chateauneuf (140 hommes). Les côtes sont dotées d’un système de transmission par pavillons. Ainsi le poste du Verger est gardé par François Prévert - la Pointe du Grouin par Pierre Mennier - le Fort des Rimains par François Lecoq - le fort de la Houle par André Favet - le château Richeux par Marc Pichot. L’armée s’établit le long de la côte, à raison de 15 hommes logés dans des tentes disposées tous le 600 mètres. Les autres soldats arrivant en renfort logent directement chez l’habitant. Les agriculteurs passent leur temps à apporter du matériel et du bois pour l’armée, ceci au détriment de leurs champs ! Les réquisitions de chevaux et charrettes perturbent plus que jamais l’ensemencement de la terre et la main-d’œuvre est rare car plus de 900 marins cancalais sont embarqués sur les vaisseaux de la République !

Le 21 avril 1793, arrive au fort de la Houle 400 soldats habillés d’une carmagnole, d’un bonnet rouge et avec aux pieds des sabots. On les appelle l’armée des sans-culottes ! Le 26 avril 1793, les capitaines des navires corsaires cancalais, Pierre Licornu pour le Laborieux et Gilles Rouillaud pour le Suprême, prêtent serment de maintenir l’égalité et la liberté ou de mourir en la défendant.

Le 27 mai 1793, la municipalité dénonce les manoeuvres des administrateurs du District qui semblent ordonner aux marchands de porter les grains à Saint-Malo plutôt qu’à Cancale. Le maire réclame un prix limité pour les grains comme cela se fait déjà dans certains départements.

Le 29 mai 1793, il est fait interdiction aux bateaux de pêcher après le coucher du soleil.

Fin mai 1793, début de la famine. Un nouveau problème se pose à l’autorité municipale car les subsistances se font rares et le prix des farines s’envole. Les denrées n’arrivent plus au marché. Quelques marchands profitent de la situation pour approvisionner le marché en petites quantités de façon à faire grimper les prix. La population s’inquiète mais les réclamation des administrateurs communaux semblent se perdre dans les bureaux malouins. La Loi empêche de réquisitionner du grain et interdit au particulier d’acheter directement à l’agriculteur. Les Cancalais menacent de piller les propriétaires et d’arrêter l’arrivée des subsistances sur Dol et Saint-Malo. Joseph Tirel de la Grèce et Lienard sont mandatés pour défendre les intérêts de la commune devant les administrateurs du District.

Le 4 juillet 1793, il n’arrive au marché qu’une somme de froment, 7 boisseaux de blé noir et 8 sommes de farine. Des disputes et bagardres éclatent. Le corps municipal fait appel à l’armée pour rétablir l’ordre et 150 familles réussissent à être servies mais un nombre aussi important repart les mains vides . . . La situation va se dégrader au fil des mois. La loi du maximum, qui fixe un prix limite pour certaines denrées, va accentuer la dissimulation des grains et favoriser le marché noir. Une grande partie de la population vend ses meubles et n’hésite par à parcourir la campagne pour vivre. Les appels à la solidarité lancés à Hirel, au Vivier, au Mont-Dol, à Saint-Benoît, Saint-Méloir, la Gouesnière restent sans réponse. Il n’y a que la petite commune de Cherrueix qui envoie du grain et Lecarpentier, représentant du peuple, fera distribuer du riz aux pauvres.

Le 13 juillet 1793, Marat est poignardé à Paris dans son bain.

Le 14 juillet 1793, le corps municipal en écharpe, accompagné des détachements de la garde Nationale et du 7ème régiment de la Somme, proclame la nouvelle constitution du 24 juin 1793, dit Constitution de l’an I. La manifestation est ponctuée de débordements d’allégresse. Les soldats tirent 3 salves et les cloches sonnent à toute volée.
Afin de mieux contrôler l’élan révolutionnaire, la Convention envoie dans les provinces des hommes aux pouvoirs étendus appelés Proconsuls ou Représentant du Peuple. Dès son arrivée à Saint-Malo, le proconsul Carrier se fait présenter la liste des suspects. Il ordonne au lieutenant Cadène d’arrêter une quinzaine de Cancalais et de désarmer la population. Détenus au Fort des Rimains, ceux-ci, sont libérés dès le départ de Carrier par Lecarpentier, un autre représentant du peuple.

Le 26 octobre 1793, la famine augmente chaque jour, au point qu’il arrive que lorsqu’on retire le pain du four, on voit des habitants se l’arracher des mains pour pouvoir se nourrir. Les pommes de terre ne sont vendues qu’en petites quantités.
Fin octobre 1793, la rumeur publique annonce qu’une armée de 80.000 vendéens appelés « Chouans » s’est révoltée contre les républicains. Cette armée, après avoir traversé la Loire, marche sur Fougères. Elle se rend maître successivement de Mayenne, Ernée et Fougères puis marche sur Dol.

Le lundi 4 novembre 1793, les administrateurs du District de Saint-Malo transmettent à toutes les municipalités l’ordre de prendre les armes et de se tenir prêts à marcher sus à l’ennemi. Beaucoup d’hommes se cachent pour éviter d’aller combattre car tous ne sont pas républicains.

Le 5 novembre 1793, à 6 heures du matin, les rebelles approchent. On fait sonner le tocsin et tirer le canon d’alarme ! Mais dans beaucoup de paroisses, des complots se trament pour aider les Vendéens. Dans le même temps, d’autres se munissent de fusils et munitions pour repousser les Chouans. . . .

Le 7 novembre 1793, les rebelles vendéens sont à Dol et semblent vouloir gagner Cancale. Le 8 novembre, a lieu le décès de Nicolas Magon-de-la-Lande, dernier seigneur du Plessis-Bertrand. Dans le but de protéger les abords de la Baie, le Tigre, l’Aquilon, le Jean-Bart, les frégates l’Insurgente, la Galathée, l’Engageante et le brick l’Espiègle sont chargés de croiser au large de la Baie.

Le samedi 9 novembre 1793, pour éviter tout contact avec les Vendéens, les représentants du peuple ordonnent que tous les bateaux de pêche qui existent depuis La Varde jusqu'à Cancale soient dégréés et mouillés au large ! Les forts sont armés : - Le Guesclin, 20 hommes, 6 pièces de canon, 1 mortier - Les Rimains, 80 hommes, 20 pièces de canon de 36 et six mortiers, - La Houle, 4 pièces de canon avec Cadène comme commandant temporaire, - Château-Richeux, 25 hommes et 2 pièces de canon.
La place de Saint-Malo est déclarée en état de guerre. Les forces républicaines approchent de Dol pour encercler l’ennemi dont l’armée est en fait composée de 1.000 hommes armés, 6.000 femmes, 400 prêtres, 7.000 paysans non armés, sans compter les vieillards et les enfants.

Le 14 novembre 1793, ils attaquent Granville mais sont repoussés et laissent 1.200 morts sur la grève. A cette occasion, le Proconsul Lecarpentier se félicite du zèle des Républicains de Saint-Malo et Cancale qui ont aidé Granville à repousser l’assaut en leur envoyant par mer des canonnières chargées de munitions et d’hommes. On ignore quelle route prendra maintenant l’armée chrétienne.

Le 21 novembre 1793, les officiers municipaux de Cancale rendent compte au Proconsul Lecarpentier, qui transmet au Comité du Salut Pubic, de la victoire remportée à Dol par l’armée Républicaine (colonel Legrand, commandant le 2ème bataillon de la Somme, basé au cap de Château-Richeux) : « les brigands viennent d’être battus complètement auprès de Dol et leur bande scélérate est toute dispersée. Ils fuient dans toutes les directions et nos braves républicains les poursuivent et les exterminent partout où ils vont. Dans quelques jours, il ne restera d’eux que des cadavres ». En mer, des frégattes anglaises rodent pour essayer de débarquer à Cancale afin de secourir les Vendéens, mais les côtes sont bien gardées et les Anglais se retirent. Les frégates la Pomone et la Résolue croisent au large de la Baie pour prévenir tout mouvement ennemi.

Le 23 novembre 1793, a lieu la vente des biens des prêtres émigrés de Cancale et un arrêté est pris décidant la construction d’une aiguade pour faciliter le ravitaillement en eau des navires mouillés en rade.

Le 31 décembre 1793, le citoyen Laplanche, Proconsul du Calvados, écrit depuis Rennes, au Comité du Salut Public :

Rennes, le 11 Nivôse an 2

Je suis de retour ici depuis la nuit dernière. De concert avec le Général Turreau, je suis allé à Port-Malo accompagné des Généraux Rossignol et Sorlus dans le dessein de faire payer cher aux Anglais leurs exécrables perfidies.
Les documents contre-révolutionnaires saisis sur Puisaye, après son massacre près de Vitré nous avait appris que Jersey et Guernesey, d’accord avec les chefs rebelles et les chefs royalistes, devaient tenter dans le courant de ce mois, une nouvelle descente à Port-Malo par Saint-Servan ou encore à Cancale.
Nous connaissions donc les signaux convenus de part et d’autre. En conséquence, citoyen collègue, toutes nos dispositions étaient prises pour les exterminer sur le rivage, les précipiter dans la mer et brûler leur flotille à boulet rouges.
Nous les avons attendus pendant trois jours et trois nuits en imitant leur signaux. Instruits par des canaux de trahisons des déroutes successives de la Vendée, les émigrés et les Anglais n’ont osé mettre leur complot à exécution.
Ces féroces ennemis sauront du moins que leurs odieux secrets sont découverts, que nous sommes sur nos gardes et que nous les attendons de pied ferme sur toutes les côtes jusqu'à Brest où ils auront le même sort qu’à Toulon.
Je profite de ma course à Port-Malo pour visiter les côtes environnantes et les mettre toutes dans un état de défense encore plus respectable.
Laplanche

Le drame de la Fosse-Hingant - 1793

Marc Desilles et Jeanne Picot de Limoelan, mariés en 1765, sont les propriétaires de la malouinière de la Fosse-Hingant, située à 500 mètres sur la droite en sortant de Saint-Coulomb, en se dirigeant vers l’étang de Sainte-Suzanne.
A l’époque du drame, lui est âgé d’environ 60 ans. C’est ancien officier du régiment du Limousin. Ils ont eu trois filles et un garçon. Leur fils, André Desilles, est mort en héros trois ans plus tôt à 23 ans à Nancy en voulant s’interposer lors d’une rébellion des troupes.
Donc, Marc Desilles de Cambernon, Seigneur de la Fosse-Hingant, accepte mal les bouleversements de la Révolution tels que l’abandon des privilèges, la constitution civile du clergé, le serment civique obligatoire, le départ des émigrés vers Jersey dont deux de ses gendres . . . Régulièrement, il réunit chez lui les nobles de la région pour pouvoir discuter de tous ces bouleversements. Lorsque le bouillant et dynamique marquis Armand de la Rouerie propose de constituer une Association bretonne pour lutter contre le pouvoir républicain, c’est tout à fait normal que Marc Desilles y souscrive. Bientôt, il en devient le trésorier. Leur projet suscite l’enthousiasme dans la région au point de recruter un nombre important de membres parmi les nobles, bourgeois, curés, vicaires, commerçants, artisans, marins, roturiers, non seulement de Saint-Coulomb, Saint-Méloir, Saint-Malo, Saint-Servan, Paramé, Cancale, Fougères et Rennes mais aussi, de tous les départements bretons au point de disposer 1.800 hommes en cas de besoin.
C’est alors que Valentin Chevetel entre en jeu ! Ce jeune médecin de Bazouges-La-Pérouse est devenu l’ami de la Rouerie, depuis qu’il soigne sa femme, Jeanne, qui a perdu la raison à la suite de la mort tragique de leur fils. En tant qu’ami, il rentre dans l’Association Bretonne et en il connaît rapidement tous les rouages . . . Hélas, on ignore qu’il est également l’ami de Danton, le Ministre de la Justice dont il est un agent double sous le pseudonyme de Latouche. Pour l’aider dans sa funeste mission, Paris prend soin de lui adjoindre un ancien gendarme destitué du nom de Lalligand, dit Morillon.

Après l’exécution du roi, le 21 janvier 1793, plusieurs personnes séjournent à la Fosse-Hingant. On y trouve : - Marc Desilles et sa femme Jeanne Picot de Limoelan - Jeanne Désilles, leur fille aînée de 27 ans, veuve d’Henri Dufresne de Virel - Marie-Thérèse Désilles, leur cadette âgée de 25 ans, épouse de Louis Fournier d’Allérac, émigré à Jersey - Angélique Desilles, 24 ans, leur troisième fille, épouse de Jean Desclos de la Fonchais, émigré aussi à Jersey - Michel Picot de Limoelan, beau-frère et oncle, venu discuter du devenir de l’Association à la suite du décès du marquis de la Rouerie, survenue le 30 janvier 93, à la suite d’une fluxion de poitrine - enfin, Valentin Chevetel, l’ami qui suit leurs faits et gestes avec attention et qui enterre avec eux dans le jardin de la propriété, un fameux bocal contenant tous les papiers et instructions secrètes de la conjuration !

Quelques jours plus tard, le 7 février 1793, les deux espions, Latouche et Morillon, reviennent de Paris, munis de pouvoirs dûment signés par le Conseil Révolutionnaire afin de se saisir des chefs de la conspiration. Le 28 février 1793, Morillon arrête 14 personnes à La Guyomarais, château du marquis, situé près de Lamballe et, le 3 mars, il se présente à la Fosse-Hingant avec un détachement de 100 hommes pour perquisitionner. Marc Désilles, heureusement prévenu, s’est réfugié à la Ville-Bague. Morillon, déterre le bocal sans encombres et saisit les documents secrets. Il met en état d’arrestation les 8 pesonnes présentes, y compris, pour détourner les soupçons, son chef et complice Valentin Chevetel ! Aussitôt, le Lieutenant de la Gendarmerie Cadene diffuse dans la commune les signalements des sieur Dubuat, 44 ans, et Désilles, 60 ans, en vue de les faire arrêter, mais en vain . . .

Le 9 mars, Morillon rend compte que les conspirateurs se sont embarqués clandestinement. Il ajoute que les trahisons sont quotidiennes car les vrais patriotes sont en très petit nombre dans la région qui est infestée de contre-révolutionnaires. S’il n’y prend garde, il laissera bientôt ses os en Bretagne ! Les malheureux prisonniers sont conduits à Paris où le tribunal révolutionnaire les condamne à mort. Ils sont exécutés trois ans plus tard, le 18 juin 1797, place de la Révolution à Paris.


1794
L’année de Robespierre, depuis le 27 juillet 1793

Le 2 janvier 1794, André Jeanbon (dit Jean Bon Saint-André), marin puis pasteur à Montauban, devenu farouche révolutionnaire, est chargé de réorganiser la Marine. Voulant absolument disposer de la force navale basée à Cancale, il se voit répondre par le Comité du Salut Public que les frégates utilisées à Cancale sont estimées très utiles dans ces parages et que tous les avis réunis insistent pour qu’elles ne soient pas retirées.
Le Proconsul Le Carpentier et les sans-culottes, font publier un décret supprimant le mot « saint » placé devant le nom des communes. Désormais, on devra dire et écrire :
- Port-Malo pour Saint-Malo - Port-Solidor pour Saint-Servan
- Méloir-Richeux pour Saint-Méloir - Coulomb-Rocher pour Saint-Coulomb
- Benoît des Ondes pour St-Benoît - Enogat ou Dinard pour Saint-Enogat
- Port-Briac pour Saint-Briac - Port Lunaire pour Saint-Lunaire

Le 20 janvier 1794, il est créé dans chaque commune un temple de la Raison et le 21 janvier est célébré l’anniversaire de la juste punition du dernier roi des Français.

Le 9 février 1794, le Proconsul Le Carpentier considère qu’à Cancale il manque trop d’officiers municipaux par suite d’infirmité, de décès ou d’incompétence. Le citoyen Delaroche, infirme est destitué et remplacé dans sa fonction de maire par le citoyen Hamon de Courchamps, 5ème maire de Cancale. Les citoyens Briquet, Liénard et Tirel de la Grèce entrent au sein du Conseil Municipal.

Le 10 février 1794, les administrateurs du District interdisent, encore une fois, aux bateaux de pêche de sortir la nuit sauf ceux possédant des pêcheries et encore, munis d’une autorisation qui sera visée par les patrouilles de soldats à chaque contrôle. Cette interdiction étant sans doute insuffisante, les administrateurs du District feront désarmer les bateaux quinze jours plus tard et sur toute la côte, ruinant ainsi la seule ressource d’une grande partie de la population.

Le 20 février 1794, un arrêté stipule que les administrateurs du District de Port-Malo doivent mettre sur le champ en état d’arrestation le nommé Godefroy, ci devant prêtre et agent national près la municipalité de Cancale. Le culte constitutionnel n’est plus dans l’esprit révolutionnaire et le curé Godefroy est accusé de fanatiser le peuple et de l’égarer ! Sans doute prévenu, il échappe aux geôles du Mont-Saint-Michel où sont envoyés les prêtres qui ne veulent pas déposer leurs lettres de prêtrise pour ensuite se marier. Les églises reçoivent les effets de campement et les approvisionnements des militaires. Les vases sacrés sont envoyés dans les coffres de la République.

Le 3 mars 1794, la maison commune qui se trouvait établie à la salle de l’audience est transférée au presbytère.

Le 4 mars, un arrêté de Le Carpentier stipule que le goémon est désormais propriété commune.

Le 14 mars, la disette pousse le agriculteurs à entamer leurs réserves de semences de froment et de blé noir, pourtant indispensables pour faire valoir leurs terres. Le fourrage des chevaux est épuisé et leur nourriture est faite d’ajonc pilé. Le 1er avril, les navires en rade n’ont plus de vivres que pour 15 jours. Ordre est donné d’économiser le vin en le remplaçant par du cidre !

Le 5 avril 1794, Georges Danton est exécuté sur ordre de Robespierre. Le 12 avril, des cocardes blanches des royalistes sont découvertes à bord de la Carmagnole ! Le 14 mai, une partie des vaisseaux appareille et rejoint la flotte de Brest en mer d’Iroise. Elle est composée de 41 bateaux.

Le 14 mai, le bois manque dans les casernes de Cancale, il est impossible de chauffer la soupe des soldats.

Le 4 juin 1794, se marient à Cancale Joseph Girard et Perrine Porchet, mes aïeuls. Ils habitent alors à la Basse-Cancale.

Le 8 juin, Robespierre fait célébret la fête de l’Etre Suprême dans le jardin des Tuileries. Le 10 juin, le froment, le blé noir et le riz ont disparu du marché de Cancale. Le Conseil Municipal réclame des subsistances au Proconsul.

Le 15 juin, la ville est envahi de malades. Le 18 juillet, toutes les cordes des cloches sont réquisitionnées. Le 19 juillet 1794, Erasme Magon est guillotiné à Paris.

Le 24 juillet 1794, le maire, Hamon de Courchamps demande à être remplacé. Jean Hermon devient le 6ème maire de Cancale. Sa sœur Françoise Hermon est l’épouse de François Girard et leur fils François se marie à Perrine Mathurin.

Le 28 juillet, Robespierre, 35 ans, dit l’Incorruptible, est guillotiné en même temps que Saint-Just, 25 ans, député de l’Aisne. Le 10 août, la population de Cancale est rassemblée au son du tambour pour commémorer le deuxième anniversaire de la prise des Tuileries, qui symbolise la chute de la monarchie. Dans la nuit du 17 août 1794, François Vasse et Jean Robert, membres du Conseil Général de Coulomb-Rocher, sont assassinés par des contre-révolutionnaires.

Le 26 août 1794, l’ex-curé constitutionnel Godefroy est engagé par la municipalité pour remplir les fonctions de second secrétaire chargé de : - recenser la population - pourvoir à l’établissement des écoles - effectuer le recensement des cloches. Le mandat d’arrêt lancé contre lui est aussitôt annulé. Le 29 août, le recensement indique 3.331 habitants à Cancale dont environ 700 qui servent la République.

Le 4 septembre 1794, de nouvelles plaintes sont formulées contre les marins des bateaux de l’escadre du commandant Thévenard. Un arrêté municipal interdit désormais à tout matelot ou officier de coucher à terre sans une permission du commandant de son navire !

Le 15 septembre 1794, une liste des suspects de la commune est dressée et un contrôle rigoureux des étrangers est institué. Le 19 septembre, les approvisionnements en vivres sont toujours difficiles. Le 28 septembre est créé à Paris l’Ecole Centrale de Travaux Publics qui devient un an plus tard l’Ecole Polytechnique. Le 29 septembre, l’Hotel de Ville de Cancale est installée dans l’ex-presbytère.

Le 5 octobre 1794, cinquante familles qui n’ont pas eu de grains, en reçoivent de l’autorité municipale qui ordonne une saisie des semences des fermiers. Pendant ce temps, le District de Saint-Malo rend compte à la Convention que : - le pays n’est pas sûr - l’ignorance est extrême - le fanatisme est entretenu par des prêtres clandestins - les émigrés trouvent moyen de communiquer entre eux car étant du pays, ils connaissent parfaitement les localités, les anses et les endroits pour débarquer ! Le 6 octobre, prétextant son grand âge, Tirel de la Grèce démissionne.

Le 15 octobre 1794, les bâtiments en rade ne peuvent appareiller par crainte des vaisseaux anglais qui croisent au large. Il est demandé que les marchandises de première nécessité soient acheminées par terre. Le 12 décembre, les soldats pour se chauffer abattent des arbres sans épargner les pommiers. Ils revendent le bois. Les rampes d’escalier, chaises, rateliers, armoires de la salle d’audience sont arrachés pour être brulés !

Le 21 décembre 1794, un administrateur du District vient réorganiser les autorités constituées. Ainsi, sont établis dans les postes de :

Maire : Nicolas Lebret - agent national : Jean Duguen

Officiers municipaux : Louis Cadiou, Isaac Tual, Guillaume Pelé, Charles Ouvrard, Jacques Bouvet, Jean Duchesne, Jean Fortin, Julien Piegne,

Officier publics : Pierre Lienard - secrétaire greffier : Joseph Violette,

Juge de Paix : François Chartier - greffier : Claude Ermenier.

Les notables sont supprimés et chaque jour la maison commune est tenue d’ouvrir ses portes aux citoyens. Deux membres du conseil municipale assurent une permanence.
En décembre 1794, les municipalités du Havre-Marat et de Rouen font parvenir des subsistances à la commune de Cancale, totalement privée de ressources.

1795

Le 11 février 1795, on constate que 2 maisons de la ferme de La Bretonnière tombent en ruines. Le 15 février, les propriétaires des lits et maisons qui logent la troupe adressent une réclamation au District car ils n’ont pas été payés depuis 2 ans.

Le 16 février 1795, la municipalité dénonce un marché parallèle qui se développe dans les fermes autour de Port-Malo et Dol. Il en résulte que les prix deviennent prohibitifs et les Cancalais, privés de leurs ressources habituelles, ne peuvent acheter que le minimum !

Le 26 février 1795, les arbres situés à moins de 3 mètres les uns des autres sont abattus pour ne pas que les espions anglais, les émigrés et les royalistes puissent s’y cacher. Les taillis de plus de 3 ans sont rasés. Le 4 avril, les érections sauvages de croix de pierre ou de bois sont interdites. Le 24 avril, la France et la Prusse signent la paix.

Le 4 mai 1795, un secours de 1.111 livres est accordé aux indigents de la Commune dont la moitié doit être consacrée aux travaux d’utilité collective (TUC). Une Agence de Secours ayant été créée en 1793, ses membres sont enfin nommés : Joseph Avice et Marguerite Le Sage, première femme de Cancale à occuper un poste officiel !

Le 7 mai 1795, la municipalité demande au District une relève de la troupe stationnée sur la côte car leur conduite est pour le moins irrégulière : vols de grains, menaces, destructions de récoltes et d’arbres . . .

Le 12 mai 1795, la commune rend compte qu’elle est presque ruinée à cause de :

- l’obligation qui est faite de ne pêcher que le jour,
- les réquisitions continuelles qui ont lieu chez le agriculteurs,
- le départ de la majorité des hommes pour la guerre,
- la famine qui sévit dans la région.

Le 25 mai 1795, une enquête est lancée sur « les durs de la Révolution pendant la tyrannie qui a précédé le 9 thermidor an 2, jour de la chute de Robespierre. Dans sa réponse la municipalité indique que, si en septembre 1793 Carrier et Cadene étaient responsables des arrestations, rien n’indique les noms des dénonciateurs des victimes qu’ils ont arrêtées. Or depuis, Carrier est mort sur l’échafaud et Cadene est décédé de maladie. Le Tribunal Révolutionnaire de Paris est supprimé, Fouquier-Tinville et 15 juges sont guillotinés.

Le 4 juin 1795, les Cancalais demandent la réouverture de leur église. Elle est aussitôt dégagée de tout ce qui l’encombre mais 4 mois plus tard elle est à nouveau remise à la disposition des autorités pour entreposer paille et bois.

Le 3 juillet, la rage sévit et il est immédiatement interdit de laisser les chiens en liberté.

Le 10 juillet, le navire « Les Trois Frères » est capturé par les Anglais. Le 8 juin 1795, mort officielle de Louis XII au Temple à l’âge de 10 ans.

Le 9 août 1795, le citoyen Jean Rouxel, pilote-côtier du Furet, l’enfuit pour Jersey. Sa femme Rose Fauchon est interrogée sans succès. Le 24 septembre, le citoyen Fontaine, secrétaire-greffier de la municipalité recueille les registres, cachets, diplômes, lettres et papiers de la Société Populaire qui vient d’être dissoute. Le 30 septembre, un nouveau poste est créé dans la commune, celui de garde-champêtre. C’est le citoyen qui est nommé avec un traitement de 1.200 livres par an.
Le 1er octobre 1795, il est procédé à la visite des « Casernes ». Celles de La Houle appartiennent à :

- Jeanne Robichon, née Chauffault  épouse de Michel Robichon 

- Fortin Bellissue

- Marguerite Jagoret, tante de Marie Jagoret  l’épouse d’Etienne Bouvet.

Le 4 octobre 1795, les citoyens Lebret maire, Guillaume Peigne et Jean Duchesne officiers municipaux démissionnent. Ils ont des émigrés dans leur famille ! Isaac Tual est désigné comme maire provisoire en attendant une prochaine élection. Louis Colet et Joly deviennent officiers municipaux.

Le 5 octobre 1795, les sections royalistes et modérées qui se soulèvent sont dispersées au canon par Bonaparte alors Commandant des Forces de l’intérieur.
 

Le 24 octobre 1795, est voté la loi sur l’inscription maritime en remplacement de l’enrôlement général des matelots qui avait été établi par Colbert en 1665 sous le nom de classes. Le 26 octobre, la Convention est dissoute et remplacée par le Directoire. Le 31 octobre, les anciennes municipalités sont dissoutes et remplacées par un administration municipale pour tout le canton.

Le 11 novembre 1795, composition de l’administration municipale du canton :
- Président : Gilles BREHIER, désigné pour 2 ans,
- Cancale : agent : Gilbert Gautier - adjoint : Jean Goudé,
- Méloir-Richeux : agent : Jean-François Baslé - adjoint : François Couapel
- Coulomb-Rocher : agent : Thomas Raffray - adjoint : François Robichon
- Benoît-des-Ondes : agent : Jean Contin - adjoint : Charles Trigory

Les agents municipaux du canton et leurs adjoints sont chargés :
- des fonctions de police dans tout le canton,
- des procès-verbaux constatant toutes le infractions aux lois,
- de l’exécution des arrêtés pris par l’administration municipale de leurs communes,

Une page est tournée puisque les municipalités et les districts, bien qu’ils existent toujours, sont rayés de la hiérarchie administrative puisque les affaires du canton se traitent désormais avec le responsable du département. A ces fins, et pour chaque canton, un commissaire du pouvoir exécutif est nommé pour faciliter les échanges entre les différentes administrations et représenter le département dans le canton.

Le 14 décembre 1795, pour lutter contre les exactions des militaires, le canton rédige à son tour un règlement de police qui complète celui des communes :

Dix hommes et 1 sergent de la Garde Nationale de chaque commune patrouilleront toute la nuit sur toute l’étendue du canton,
les chefs militaires établiront des mots de passe qui seront changés tous les dix jours,
les agents municipaux exploiteront les rapports des différentes patrouilles,
le Général résidant à Port-Malo attribuera une dotation en cartouches,
les agents et adjoints enquêteront sur les exactions des militaires depuis le début 1795,
la loi de police municipale sera à nouveau affichée,
les citoyens n’ouvriront leurs portes la nuit qu’a des personnes connues,
les aubergistes-cabaretiers et logeurs ne pourront recevoir des étrangers sans en avoir préalablement prévenu l’administration,

Le 26 décembre1795, et malgré tous ces précautions, Louis Bourdelais, aubergiste, est assassiné ! Le 29 décembre 1795, en vertu de la loi du 8 germinal an 3, les citoyens Lebret, Duguens, Fortin, Ouvrard, Cadiou, Bouvet, Pellé, Peigne, Duchesne et Tual sont convoqués pour rendre compte de leur gestion à la tête des anciennes municipalités.

1796
Reprise de la guerre de Vendée

Le 26 janvier 1796, reprise de la guérilla en Vendée. Le 3 février 1796, les jeunes marins Laurent Artur, Guillaume Poidevin, Jacques Fumel, Thomas Lemeilleur et Noël Banastre qui avaient fait partie de la première réquisition de 1794 sont exemptés et reviennent à Cancale pour servir l’agriculture. Le 4 février, tous les fonctionnaires de la République et les personnes travaillant à l’aiguade sont réunis devant la population pour prêter le serment suivant :

« je jure d’être sincèrement attaché à la République
et de vouer une haine éternelle à la Royauté ».

Le 7 février 1796, 18 pluviose an 4, la population est convoquée par son de cloche pour faire le même serment. Le 21 février, l’administration décide de faire détruire une des maisons en ruine du lieu-dit La Bretonnière et de la chapelle Saint-Suzanne près de la Fosse-Hingant.

Le 14 mars 1796, dans la nuit, 40 émigrés qui débarquent sur la côte sont poursuivis par une patrouille. Ils parviennent à s’enfuir mais leurs paquets sont saisis. Près de Dol, Marie-Eugène Tuffin, cousin du marquis de la Rouerie, est mortellement blessé. Avant de mourir, il parvient à remettre à son ami Duval les 1.000 louis d’or et les lettres destinées à Boisguy.

Le 20 mars 1796, Charles Trigory, agent municipal de Benoît-des-Ondes qui rentre chez lui le soir, est tué bizarrement par une patrouille au lieu dit de La Coudre. La municipalité se contente de lui nommer un remplaçant Gilles Bourret, sans même faire une enquête sur les circonstances mystérieuses de sa mort.

Le 28 mars 1796, les exactions des militaires, vols, pillages et brutalités continuent dans les autres communes du canton. Une pétition est adressée à Port-Malo au Général Klinger. Le 14 avril, le commissaire de guerre Raffray qui demande le détail des incursions nocturnes de la troupe reçoit le récapitulatif suivant :

- le 29 frimaire (1er décembre 1795), Joseph Richeux est attaqué à 9 heures du soir par trois canonniers du Fort Duguesclin qui le battent et lui volent son mouchoir de cou, ses boucles de jarretière et ses souliers,
- le 15 nivôse (5 janvier 1796), trois soldats coupent inutilement des arbres à la Motte-aux-Chaux alors qu’il y en a déjà 150 de coupés,
- le 27 ventose (10 janvier 1796), le citoyen Le Breton est agressé chez lui par une patrouille qui tire sur sa maison et casse ses portes,
- le 30 ventôse (20 mars 1796), un détachement du Fort de Châteauneuf envahit la maison du citoyen Du Chenay Poulain à Méloir-Richeux et vole 80 bouteilles de vin et 30 de cidre, 50 livres de lard, des vêtement et du linge, du tabac, du fil et des chandelles,
- le 30 ventôse encore, un autre détachement du Fort de Châteauneuf pille la maison du citoyen De Fougeray Garnier à Méloir-Richeux,
- le 3 germinal (31 mars 1796), sept soldats qui repartait à Port-Malo entrent chez Jean Fontaine et Yves Henry à Coulomb-Rocher et volent tout ce qu’ils y trouvent,
- le 24 germinal (13 avril 1796), quatre militaires de Fort-Richeux en patrouile à Cancale entrent chez les citoyens Desbois, Bellisue et Joly et, après les avoir désarmés, se font donner à boire et à manger en abondance,
- le 24 germinal (13 avril 1796) un militaire pille le cellier d’une veuve et lui vole tout son cidre.

A la suite de ce rapport, le citoyen Raffray prend la décision paradoxale de faire désarmer la population de Cancale. Une protestation énergique est aussitôt adressée au Général Klinger.
Le 29 mars 1796, Charrette, chef Vendéen, est fait prisonnier et exécuté.
Les guerres civiles de la Révolution

La première guerre de Vendée (1793 - 1794)

D’une part, La piété catholique et fervente du peuple du Poitou (Vendée), dont la devise est « Dieu et mon roi », fait qu’il est révolté par la constitution civile du clergé. D’autres part, les nobles n’ont pas émigré et après le 21 janvier 1793, jour de l’exécution de Louis XVI, ils encadrent leurs métayers et les forment à la guerre de chicanes dans cette région située au sud de la Loire. Ils reçoivent alors l’appui des Anglais à partir du moment où la Révolution n’affaiblit plus le royaume de France mais devient conquérante. Le 12 juin 1793, la Grande Armée Catholique et Royale compte entre 80.000 et 100.000 hommes commandés par Charrette. Contre eux, les Armées Bleues comptent 20.000 à 60.000 soldats. Le 18 octobre 1973, la Virée de Galerne conduit 100.000 Vendéens et Chouans à prendre Fougères, Avranches, Antrain . . . Après leur défaite, ils signent le 17 février 1795 la paix de la Jaunaie où Charette obtient le libre exercice du culte.

La guerre fédéraliste (juin 1793 - janvier 1794)

Les Jacobins ayant anéantis la minorité Girondine, plusieurs villes de province, hostiles à la centralisation Jacobines, prennent les armes contre eux : Marseille, Toulon, Bordeaux . . . Mais, Lyon est bombardée par les Républicains. Des horreurs sont commises : Toulon est repris aux Anglais et il y a 1.000 exécutions. Les habitants sont déportés. A Marseille on compte 400 exécutions. A Nantes, chaque homme et chaque femme sont attachés ensemble et noyés dans la Loire sous l’appellation de Mariage Républicain.

3) La Première guerre des Chouans

Leur devise « Dieu et mon pays » diffère de celle des Vendéens et leur terrain d’action se situe au nord de la Loire. Ils sont dirigés par Jean Cottereau, dit Jean Chouan, et ses frères. Ils combattent aux côtés de Vendéens pendant la Virée de Galerne et pendant la deuxième guerre de Vendée. Ils sont 40.000 hommes en Touraine et 50.000 en Bretagne où leur chef Cadoudal mène son action dans le Morbihan. Captif à Brest en 1794, il s’enfuit et rejette la paix qui lui est proposée. Vaincu en mai 1976, Cadoudal suspend les armes.
4) La Deuxième guerre de Vendée

Le 26 janvier 1796, les Vendéens reprennent la guérilla mais le 29 mars 1796, Charette est pris et exécuté.

5) La Deuxième guerre des Chouans

En 1799, Cadoudal réunit les Chouans bretons. Après le coup d’Etat du 17 brumaire an 7, Bonaparte est au pouvoir. Un groupe de 800 chouans occupe alors l’estuaire de la Vilaine pour recevoir des Anglais armes et munitions. Le 25 novembre 1800, Cadoudal et ses 15.000 hommes sont battus. Il signe la paix mais devant la menace pour sa vie, il passe en Angleterre où les Anglais refusent de le livrer à Bonaparte.

Pendant ces guerres civiles, un tiers de la population des régions concernées est décimé.

Le 20 juin 1796, il est décidé de créer un détachement spécial appelé « Colonne mobile ». Elle est constituée par 1/6ème des hommes de la Garde Nationale du Canton, soit 47 hommes à Cancale, 81 à Méloir-Richeux, 17 à Coulomb-Rocher et 30 à Benoît-des-Ondes (Voir liste ci-après).

Le 25 août 1796, l’administration municipale débordée de travail désigne des commissaires pour assurer l’entretien des casernes : Louis Hermon, prêtre - Jean Hermon, notaire - Le Bastard - Isaac Tual - Louis Gauvain - Geffroy.


Le 9 septembre 1796, 86 marins de Cancale sont appelés au bureau des classes pour être embarqués sur les vaisseaux à Brest (voir liste ci-contre). Le 25 septembre, 14 maîtres de bateaux réclament la nomination de gardes-jurés. Jean Lebret, Pierre Garnier et François Delépine sont nommés pour un an.


Le 1er octobre 1796, un compte rendu de l’état des églises du canton précise que :

- les « dévastateurs » n’ont laissé que les murs et les toits,
- les habitants s’y rassemblent les jours de fêtes et le dimanche pour prier sans
ministre du culte ni sons de cloche,
- ces rassemblements, loin d’être dangereux, ont un bon effet sur les moeurs,
- il serait dangereux de les interdire.

Le 21 octobre 1796, les Anglais battus évacuent la Corse.


En décembre 1796, on constate que la vague anti-cléricale semble s’apaiser peu à peu. Par ailleurs, la suppression des districts fait que les affaires étant traitées directement par les administrateurs du département, les responsables locaux sont plus rigoureux et plus précis. Il en résulte que les administrateurs du canton gèrent mieux leur territoire, que les réunions du conseil sont régulières, les absences peu fréquentes et les affaires mieux suivies.

Les guerres extérieures de la Révolution (1792-1797)
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1) Les guerres de la 1ère coalition

Causes :
la République entre en guerre avec l’Autriche dont l’empereur, neveu de Marie-Antoinette, tente de délivrer le roi et la reine,
les futurs Girondins veulent démontrer que les Bourbons ont eu tort de s’allier à l’Autriche en 1756,
l’Armée Révolutionnaire tente d’abolir toutes les monarchies d’Europe.

Effectifs :

Terre, en 1792 possède 80.000 hommes et peu d’officiers. La levée de 300.000 hommes en 1793 porte les effectifs à 471.290 hommes puis la levée en masse du 16 août 1793 porte les effectifs à 645.195, et finalement à 1 million d’homme fin 1793.

Mer, en 1792, effectif néant. Fin 1795, grâce à Jean Bon Saint-André, la flotte se compose de 12 vaisseaux, 5 frégates et 3 corvettes.

Opérations :

le 2 septembre 1792, les Prussiens prennent Verdun mais reculent à Valmy. L’armée républicaine est composée de 52.000 hommes et l’armée des coalisés de 70.000 hommes ( 34.000 Prussiens - 30.000 Autrichiens et 6.000 émigrés).
le 21 septembre 1792, retraite des coalisés atteints de dysenterie,
le 22 septembre 1792, conquête de la Savoie puis de Nice,
le 6 novembre 1792, Dumouriez bat les Autrichiens à Jemmapes mais au prix de 50.000 morts du côté des Français contre 18.000 coalisés.

le 1 février 1793, la France déclare la guerre à La Hollande. Ainsi, les coalisés sont :

l’Autriche la Prusse l’Angleterre
la Hollande l’Espagne les 2 Siciles
le Portugal Les Etats de l’église la Sardaigne

le 5 avril 1795, la Prusse se retire de la coalition,
le 22 juillet 1795, c’est au tour de l’Espagne,
le 28 juillet 1796, la Sardaigne,
le 18 juin 1796, l’Espagne s’allie à la France,
le 10 octobre 1796, le royaume des Deux-Siciles se retire de la coalition,
le 15 avril 1797, l’Australie signe les préliminaires de paix,
le 16 mai 1797, destruction de la République de Venise.

2) Après la Révolution, les autres guerres sont celles de :

la 2ème coalition 1798-1801) - de la 3ème coalition (1803 - 1805)
la guerre d’Espagne (1808 - 1814) - de la 5ème coalition (1809)
de la 6ème coalition (1812 - 1814).

1797

Le 31 janvier 1797 (12 pluviôse an 5), Thomas Raffray et François Gouxette, mandatés par le Président de la municipalité, Gilles Bréhier, cultivateur, se rendent à La Ville Bague en Saint-Coulomb (les communes ont retrouvé depuis peu leurs noms d’origine). Ils se font ouvrir par une servante les portes de la maison appartenant à la citoyenne Eon-Vieux-Chatel qui se trouve à Paris. Ils se saisissent des baux concernant les métairies dans le but de faire acquitter par la propriétaire une « contribution patriotique » qui lui permet, ayant partagé son bien avec la République, de ne pas être davantage inquiétée.

Le 9 février 1797, il est prescrit que les bateaux pêcheurs aient au moins 3 marins parmi leurs équipages. Depuis le manque d’hommes partis à la guerre, les patrons ont en effet recruté des gens de tous horizons pour composer leurs équipages de 8 à 10 hommes. La municipalité demande au commissaire de la Marine de Saint-Malo de faire venir à Cancale quelques marins en renfort.

Le 28 février 1797, il est procédé à un inventaire des biens des émigrés, prêtres déportés ou détenus, ainsi que des biens de leurs parents. Aucun clandestin n’est découvert. Le 5 mars 1797, les habitants des 4 communes du canton sont avisés qu’ils ne doivent en aucun cas sortir avec des armes sans en avoir prévenu préalablement la municipalité.
Le même jour, le citoyen Pierre Cornet, journalier, est soupçonné d’avoir fait partie d’un rassemblement de Chouans qui a eu lieu le 22 ventose an 4 à Port-Malo. Le 9 mars 1797, un citoyen de La Baie, accusé de fabrication de fausse monnaie, incitation au vol et au brigandage est arrêté et emprisonné. Ses enfants sont confiés à Anne Pichot.

Le 2 avril 1797, l’administration municipale est renouvelée :
- Cancale : Louis Licornu, agent municipal - Claude Geoffroy, adjoint,
- Saint-Méloir : Olivier Jamet agent municipal,
- Saint-Coulomb : François Robichon, adjoint,
- Saint-Benoît : Julien Guillory, adjoint,
Leur première tâche est de retrouver tous les déserteurs qui ont quitté la Marine de Brest.

Le 17 avril 1797, les blessés de l’Armée Républicaine soignés à l’hopital de Verone sont massacrés. Aussitôt, Bonaparte déclare la guerre à Venise. Le 4 mai 1797, la famille de Guillaume Gauvain, ex-recteur déporté, obtient la main levée de ses biens à la suite de son récent décès. Le 24 mai 1797, les responsables municipaux demandent une nouvelle fois le changement de la troupe stationnée sur la côte ainsi qu’une milice bourgeoise capable de résister à ces brutes . . . dont la conduite est loin d’être irréprochable. Un sous-officier du Fort de l’anse du Verger vient de se battre avec des canonniers sur le quai de La Houle.
Le 22 juin 1797, les plaintes continuelles portées contre les 4 gardes champêtres du canton oblige l’administration municipale à supprimer leur traitement. Ils n’auront alors pour seul revenu que le produit des amendes qu’ils infligeront. Ils auront désormais un cahier pour noter, chaque jour, les heures des sorties, les itinéraires empruntés, les procès verbaux dressés et toutes les constatations anormales.
Le 4 juillet 1797, 11 soldats qui ont manqué la garde, passent en conseil de discipline. Le citoyen Paliern, commandant du 9ème arrondissement des côtes, reçoit une plainte des responsables municipaux contre le saccage des arbres et taillis par les militaires qui, avec ce bois, confectionnent des corbeilles et paniers qu’ils vendent à la population ! François Chartier, juge de paix, est requis pour perquisitionner chez les citoyens Lebret, Porchet et Jeanne Godefroy, accusés de détenir des objets et effets appartenant à l’église !
Le 24 août 1797, les récoltes en grains sont insuffisantes pour le canton sauf Saint-Méloir et Saint-Benoît. Le déficit pour la commune de Cancale est évalué à 7/10ème et 2/10ème pour Saint-Coulomb. Le déficit de la commune de Cancale est évalué à environ 14.000 quintaux et 2.000 pour Saint-Coulomb. Il ne reste rien sur la dernière récolte. Depuis la suppression, en 1792, du marché public qui se tenait à Cancale chaque jeudi, lorsqu’il y a des excédents, ils sont transportés aux marchés de Dol, St-Malo et St-Servan.
Le 7 septembre 1797, une pétition, signée de plusieurs Cancalais, demande le libre usage de l’église pour y exercer leur culte. Les citoyens Gauvain et Goudé, anciens marguillers de la Fabrique, se proposent de louer ou d’acheter l’édifice à cet effet. Le 12 septembre 1797, l’administration décide, une nouvelle fois, de faire débarrasser l’église pour que les habitants puissent exercer un culte, en se conformant à la loi. Le champ de la famille Gauvain, qui avait servi à enterrer les morts lors de l’épidémie de la Carmagnole (voir page suivante), sera rendu aux propriétaires après remise en état. Les morts, comme par le passé, seront enterrés autour de l’église. Le citoyen Artier remplace le citoyen Magnan comme fossoyeur et de nouveaux tarifs entrent alors en vigueur :
- pour être enterré dans le bas du cimetière: - enfants : 10 sous
- adultes : 15 sous (au dessus de 18 ans)
- pour être enterré dans le haut du cimetière :
- 30 sous pour toutes les fosses car il y a beaucoup de roc.

Le 12 septembre 1797, après le coup d’Etat du 18 fructidor, dirigé par Augereau lieutenant de Bonaparte et qui entraîne l’arrestation de nombreux députés restés royalistes, les dernières élections sont cassées dans 49 départements dont l’Ille-et-Vilaine. Les nouveaux membres élus pour le canton sont :
- Cancale : Paul Ruminy, agent municipal - Claude Geffroy fils, adjoint (1),
- Saint-Méloir : Jean Gageot, agent municipal,
- Saint-Coulomb : Mathurin Conte, adjoint (2),
- Saint-Méloir : Jean Guillory fils, adjoint,
(1) trop jeune, sera remplacé par Baudouin La Croix,
remplacé, après démission, par François Donville.
A Paris, les mesures d’apaisement sont révoquées et 2.000 prêtres sont déportés en Guyanne, à Ré et Oléron.
Le 28 septembre 1797, il est décidé de mieux contrôler la production de terres du canton en comparant la récolte de l’année en cours à celle d’une année moyenne (100%). Ainsi :
Froment : 100% Fruits à cidre : 30%
Blé noir : 60% Chanvre : 100%
Avoine : 100% Lin : 100%
Pré artificiels : 107% -------- -------

On constate que l’année est très mauvaise en ce qui concerne les pommes à cidre puisque la production est en chute de 70% et de 40% pour le blé noir. Par contre, pour les prairies ou prés artificiels, le rendement est supérieur à celui d’une année normale.

Le 10 décembre 1797, le remplacement du citoyen Gouxette, commissaire du Directoire Exécutif, par Jean Guichard, officier de santé en Saint-Méloir, est vivement contestée. Une pétition des anciens élus du canton s’oppose à cette décision car le citoyen Guichard est accusé d’être un chouan notoire, déserteur de la République . . . Devant la menace des signataires de faire appel auprès du Ministre de la Justice, le Président Bréhier, à la tête de l’administration du canton, sursoit à cette nomination, tant que le citoyen Guichard n’aura pas apporté la preuve que ces accusations sont fausses. C’est le citoyen Baudouin, adjoint municipal de Cancale qui assure provisoirement cette charge. Alors que les vainqueurs du coup d’Etat du 18 fructidor font régner un nouveau régime répressif, le canton semble vivre plus paisiblement. Il y a toujours des problèmes avec la troupe mais les affaires courantes se règlent rapidement. La surveillance des familles d’émigrés et le contrôle de l’activité des anciens prêtres ne se relâchent pas, mais aucun durcissement n’est à signaler. Les soucis concernant l’approvisionnement en vivre s’estompent avec le temps et on ne retrouve pas les scènes émouvantes de années précédantes.


La Carmagnole, maladie de l’Escadre
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La rade de Cancale étant réputée comme un abri sûr, les navires de la République y font régulièrement escale. Que ce soient des convois d’approvisionnement en attente d’accalmie ou des corvettes chargées de poursuivre les Anglais, certains y restent peu de temps, d’autres séjournent plusieurs mois. Quoi qu’il en soit, les hommes sont souvent mal équipés et leur nourriture est peu équilibrée. Le scorbut et la fièvre font des ravages au sein des équipages.
Fin 1793, c’est le drame à bord de la frégate « La Carmagnole ». En effet, tous les marins sont malades ainsi que sur les frégates « Pomone » et « Galathée ». La maladie (1) prend même des proportions très inquiétantes car les marins sont transportés à pleines charrettes à l’Hôtel Dieu de Saint-Malo où ils décèdent, parfois au bout d’un mois.
Ne pouvant plus faire face à cette situation, la marine de Saint-Malo demande qu’un hôpital de 30 lits soit créé sur place à Bellévent. L’épidémie s’étend à tel point que Fromenger, le représentant du peuple à Cherbourg, estime la maladie au mauvais état des hardes des marins de La Carmagnole et décide de renouveler leur équipement. Il débloque un stock de 10.000 chemises, 300 paletots de toile, 300 culottes longues et 180 couvertures de laine. En février 1794, le nombre des malades ayant augmenté ( plus de 700 ), on cherche d’autres endroits pour placer des lits : l’église, Beauregard et la Motte-Jean sont réquisitionnés. On dresse en plus un hôpital provisoire sous des tentes car, le 22 messidor an 2 (10 juillet 1794), on compte 300 habitants malades. Le 25 juillet 1794, les chirurgiens Maillard et Le Tellier dressent un bilan des 367 décédés :

Frégates : Corvettes :
La Carmagnolle 4 La Babète 4
La Félicité 5 La Pomone 1
L’Ass.Nation. 4
La Révolution 1
Vaisseaux : Canonnières :
La Révolution 48 La Tempête 1
Le Zélé 35 L’Eclair 1
Le Redoutable 25 L’Etna 2
Le Nestor 26 La Protectrice 1
Le Superbe 60 La Citoyenne 1
Le Brave 35
Le Scévola 37 Transporteurs :
L’Aquilon 23 Le Consolateur 1
La Danaë 19 La Bonne Espérance 1
Navires : Le Pierre 1
Le Jupiter 1 L’Egalité 1
Flûtes : L’Esterazi 1
L’Archimède 2 L’Aimable Juliette 1
Gabares : Le Soleil 1
Le Dromadaire 1 La Marie 1

Il faut ajouter les 50 décès qui ont eu lieu à l’Hôtel Dieu de Saint-Malo. Dans les mois qui suivent, la courbe des décès commence à chuter. Il semble que la maladie soit moins virulente et les remèdes plus efficaces ! Environ 1.800 personnes ayant été touchées par le fléau, on a dit avec exagération que « La Carmagnole » a tué 2.000 personnes dans la région !

(1) vomissements de sang, déjections abominables, froid générale et frissons, langue noire et agitation constante, enfin mort parfois au bout d’un mois.

1798

Le 13 janvier 1798, la route entre Saint-Malo, Dol et la Manche menace d’être coupée. Le danger est grand, tant pour l’agriculture et le commerce que pour la défense du pays car cela empêcherait tout déplacement rapide d’une armée en cas de besoin. En effet, la digue entre Château-Richeux et le pont de Blanc-Essay est abîmée sur plus de 80 toises (160 mètres). La digue a demandé 40 ans de travaux. En avant de l’ouvrage, de gros arbres plantés dans la grève brisaient les flots or, depuis quelques années, plus de 300 d’entre eux ont été enlevés par des voleurs. Les 140 pieds d’arbres plantés de chaque côté du pont de Blanc-Essay ont disparus et la digue Saint-Anne, près du Mont-Saint-Michel s’est rompue en maints endroits. Les riverains craignent une inondation des terres fertiles comme à la fin du 17ème siècle ainsi qu’au début du 18ème.
Le 21 janvier 1798, les élus prêtent serment et fêtent l’anniversaire de la juste punition du dernier Roy des Français. Le 6 février, c’est toujours le citoyen Baudouin qui fait office de Commissaire du Directoire Exécutif. Le cas de Jean Guichard n’est pas résolu et son prédécesseur, le citoyen François Gouxette demande un certificat de bonne conduite pour la période où il a occupé ce poste.
Le 19 mars 1798, le citoyen Guichard convoque tous le membres de l’administration à l’Hotel de Ville pour leur donner lecture de sa nomination, qui vient d’arriver, comme Commissaire du Directoire Exécutif. Les membres de l’administration du canton, accusés d’être attachés aux royalistes, sont suspendus de leurs fonctions : Gilles Bréhier, Baudouin adjoint de Cancale, Jean Gageot de Saint-Méloir, François Couapel, adjoint de Gageot, Auguste Moussinet de Sain-t-Coulomb et Douville son adjoint, Jean Contin de Saint-Benoît enfin Jean Guillory, son adjoint.

Le 23 mars 1798, les 1235 électeurs du canton vont former une nouvelle administration ainsi composée :

Président : Jean Duguen,
Cancale : Jean Licornu, agent municipal - Jean-Pierre Molien, adjoint,
Saint-Méloir : François Couapel, agent - Beaulieu, adjoint,
Saint-Coulomb : François Husson, agent - Olivier Baslé, adjoint,
Saint-Benoît : Olivier Ogier, agent - Pierre Benoît Contin, adjoint.


Joseph-Marie Tirel de la Grèce est élu juge de paix mais décide de suspendre ses activités pour vérifier si son frère prêtre est sur la liste des émigrés. Il est entouré de 14 nouveaux accesseurs. Quelques jours plus tard, il reprend ses fonction en apprenant que son frère, François Tirel de la Martinière n’est sur aucune liste d’émigré.
Le 10 mai 1798, plusieurs séquestres sont levés sur les biens des prêtres déportés qui sont décédés. Leurs familles peuvent alors jouir de ces biens. Le 2 juin, les propriétaires, conscients qu’il leur faut conserver le patrimoine, s’efforcent de planter des arbres de différentes essences sur leurs terres. Dans la nuit du 10 juin 1798, 21 pêcheurs cancalais sur les 25 qui avaient été faits prisonniers par les Anglais dans la baie, débarquent à la pointe du Hock et rentrent chez eux sans encombres. Ni les douaniers, ni les militaires ne les ayant vus, la municipalité émet des doutes quant à l’efficacité de la surveillance côtière et le fait savoir au citoyen Alexandre, commandant de la force armée de Cancale et contrôleur des Douanes. Le citoyen Dufour, passeur notoire, inscrit sur la liste des émigrés pendant la guerre de Vendée et qui a évité la déportation, est obligé de se présenter chaque jour chez l’agent municipal de la commune.
Le 12 juin 1798, une circulaire informant les communes côtières que le gouvernement anglais projette d’incendier les ports, arsenaux et magasins républicains , le municipalité arrête que tout marin ou soldat n’ayant pas de feuille de route sera arrêté sur le champ. Le 22 juin 1798, la digue se rompt près du pont de Blanc-Essay et la mer envahit les cultures. La digue est consolidée provisoirement en toute hâte mais les autorités craignent le pire. Quatre commissaires sont nommés pour évaluer les pertes subit par la guerre. Le 2 juillet, le syndic des gens de mer, le citoyen Baudouin, rappelle l’interdiction de faire la coupe sauvage du goémon car les rochers commencent à être mis à nu.
Le 5 octobre 1798, le citoyen Guichard écrit au Tribunal de police correctionnel de Nantes pour répondre du civisme de 6 marins cancalais arrêtés dans ce port : Jean-Baptiste Chemin, Jean Marchand, Jean Delot, Julien Chevalier, Jean-Joachim Morel et Gilles Jagoret qui sont partis pour s’embarquer sans avoir pris leurs passeports.

Le 4 novembre 1798, le nouvel état des récoltes est désastreux :
- froment : 70% - fruits à cidre : 10%
- blé noir : 60% - chanvre : 50%
- avoine : 50% - lin : 50%
- près artificiels : 10%

Le 5 novembre 1798, il est pour la première fois fait référence à Cancale aux nouvelles unités instituées par la loi du 7 avril 1795 : litre, gramme, mètre, are, stère, franc. Il s’agit en l’occurrence de définir la taille de Madame Eon-Vieux-Chatel qui mesure 4 pieds, 10 pouces soit, un mètre 577 millimètres. Le franc est couramment utilisé pour les comptes de la commune.

Désormais, les certificats de résidence qui seront établis utiliseront systématiquement les nouvelles unités, mètre et centimètres, pour évaluer les tailles des personnes. En décembre 1798, fin de la domination française à Haïti.

Recensement de la population du canton de Cancale :

Année  Cancale St Méloir St Benoît St Coulomb La Fresnais  Hirel
1789 3.000          
1790 3.177 2.174 1.700 660    
1794 3.331          
1797 3.250 2.260 1.903 676    
1798 3.193 2.302 2.003 697 1.692 1.451
1800 3.003 2.291 1.738 673 1.444 1.200
1804 3.387 2.349 1.716 812 1.571 1.501

La mortalité chez les enfants en bas âge est importante : 21 % à Cancale alors qu’elle n’était que de 14 % à Saint-Malo. Il y a 3 % d’enfants nés de père inconnu. Le choix des prénoms est fonction,
- pour les garçons, du prénom du parrain à 35 % et de celui du père à 28 %,
- pour les filles, celui de la marraine à 40 % et celui de la mère à 20 %.
Sur 500 naissances, les prénoms des filles sont : Marie(116), Jeanne (75), Françoise (51), Perrine (30), Julienne (30), Louise (26), Anne (19), Gillette (16), Angélique 13), Modeste (10), Marguerite (9), toutes les autres entre 7 et 5 (Rose,Hélène, Olive, Madeleine, Laurence, Guillemette, Eugénie, Adélaïde, Joséphine). Pour les garçons : Jean (100), François (71), Pierre (60), Joseph (43), Julien (41), Louis (29), Guillaume (22), . . .

De 1789 à 1804, les proportions des Cancalais dans les différents métiers sont : Marins : 51 % - Militaires : 17 % - Artisans : 8 % - Commerçants : 6 % - Domestiques : 8 % - Laboureurs : 10 % - Employés et commis : 3 % - autres ou sans professions : 2 %.
 

1799

Le 13 janvier 1799, les habitants réclament la réouverture du marché de Cancale. Le 21 janvier (l’an 7 de la République Française, le deux pluviôse à 11 heures du matin), les membres de l’administration municipale du canton se sont transportés ensemble au Temple Décadaire (église Saint-Méen) à l’effet d’y célébrer la fête de la juste punition du dernier Roy des Français ! Les membres de l’Administration Municipale du Canton et tous les fonctionnaires présents, ont répondu d’une voie unanime,
« nous jurons haine à la Royauté et à l’anarchie »
« attachement et fidélité à la République et à la Constitution de l’an III » !
Le 14 mars 1799, le Conseil Municipal célèbre, au Bourg de Cancale, la fête de la souveraineté du peuple avec la participation de l’Armée et de la Garde Nationale. Le 23 avril 1799, un nouvel arrêté ordonne que tous les tas de gents, genets, épines, ronces, bruyères, fagots, et pailles soient éloignés de plus de 40 mètres des maisons. Une main levée est faite le même jour sur les bien de Louis Mauviel, prêtre déporté. Le 13 mai 1799, publication d’un avis de réouverture du marché de Cancale qui, en fait, ne sera ouvert qu’en 1824.
Le 8 juin 1799, Antoine Petit, journalier à La Ville-Jégu, et Charles Banâtre, journalier à La Reculle, déclarent avoir trouvé deux militaires morts dans un champ près de La Reculle. Après enquête, il s’avère que les corps sont ceux de Louis Mesmin et Pierre Denevert, tous deux chasseurs au 2eme Bataillon de l’Ain, en garnison dans cette commune. Ils auraient mangé de la soupe dans laquelle il a été trouvé des restes de racine de cigüe.
Le 14 juillet 1799, l’administration municipale convie tous les habitants à commémorer et fêter l’anniversaire de la destruction de la Bastille.
Le 23 septembre 1799, après la destruction totale par le feu de 6 maisons dans le bourg de Saint-Coulomb, il est rappelé que les maisons, fours, étables, écuries, pressoirs doivent être recouverts d’ardoises, pierres, tuiles ou briques. L’emploi de chaume, paille, roseaux ou autres matières inflammables est formellement interdit ! Le même jour est célébré la Fête de la Fondation de la République. Le 25 septembre 1799, Jean Duguen, président de l’Administration municipale, mais trop souvent retenu à Saint-Malo, présente sa démission.
Le 5 octobre 1799, le citoyen François Chartier est élu Président de l’Administration municipale et trois citoyens aux postes d’officiers de santé pour contrôler la véracité des exemptions et dispenses de Service militaire. Ce sont François Guyot, Honoré Poideloue et Denoual. Par ailleurs, c’est Jean Baudouin de la Ville-es-Péniaux qui remplace François Chartier démissionnaire du poste.
Le 15 octobre 1799, seize maîtres de bateaux se rassemblent à l’Hôtel de Ville pour élire 4 nouveaux garde-jurés qui veilleront à la police de la pêche : Jean Hardy, Gille Guillard, Jean Emery, Jean Lebret, François Girard, Thomas Legendre, Pierre Quintel, Jean de La Rose, François Delépine, Jean Poterel, Julien Rault, Augustin Duval, Joseph Lerasle, Guillaume Raquidel, Pierre Raquidel et Jacques Bourdin. A l’issue du scrutin, sont élus pour un an :
Jean Lebret, Jean Poterel, François Girard et Pierre Quintel.

Le 10 novembre 1799, a lieu le coup d’Etat du 18 brumaire an 7. Le pouvoir est alors partagé entre trois consuls : Seyiès, Duclos et Bonaparte qui dès le lendemain, 11 novembre 1799, proclament le Consulat.
Le 24 décembre 1799, les responsables municipaux de Cancale, en écharpe tricolore, réunissent au Bourg et sur la place de la Liberté, la Garde Nationale au grand complet et la force armée pour proclamer la constitution de l’an VIII. Le lendemain, jour de Noël, la population est conviée à l’église pour y entendre lecture de la 4ème Constitution. Le citoyen Guichard devient Commissaire du Gouvernement à la place de Commissaire du Directoire Exécutif.

1800

Le 23 janvier 1800, le citoyen Palierne, chef de la force Armée de Saint-Malo et Dol, prévient les communes que des émissaires ennemis cherchent encore à enrôler dans l’Armée des Royalistes ! Pour anéantir cette tentative anti-révolutionnaire, chaque commune devra fournir 15 des ses gardes nationaux.
Le 22 mai 1800, en application de la Constitution de l’an 8, la réorganisation administrative de la France se poursuit. Bonaparte nomme un préfet à la tête de chacun de 83 départements et les administrations des cantons sont dissoutes au profit d’un municipalité pour chaque commune.

A Cancale, le préfet d’Ille-et-Vilaine nomme :
Maire : Jean Duguen
Adjoints : Joseph Avice, Jean Baudouin,
Conseillers municipaux (20) :
Louis Licornu, François Chartier, Louis Gauvain Julien Lignel
J-Charles Hamon, Jacques Grossin, Claude Gauvain, Claude Geffroy
Louis Collet, Jean Lebret Pierre Guyot Isaac Tual
François Poidevin Gilles Bréhier Jean Duchesne Julien Peigne
François Cadiou Guillaume Champion Georges Mottais Michel Lefevre

Le 4 juillet 1800, la nouvelle municipalité entreprend un travail énorme afin de garder son indépendance. Mais, chaque commune essayant de tirer un maximum d’avantages de cette situation, la famine, qui avait disparu grâce à l’apport de subsistances de Saint-Méloir et Saint-Coulomb, menace à nouveau maintenant. Le maire, Jean Duguen, se révolte contre les prétentions des 3 autres communes du canton qui veulent reporter sur Cancale, les impôts dont elles sont surchargées. Il réussit à démontrer point par point que sa commune est la plus défavorisée :
depuis un temps immémorial Cancale ne compte plus aucune famille noble,
en 1791, Cancale approvisionnait en boissons les nombreux bâtiments qui se trouvaient en rade et le produit des droits sur les boissons est entré, à l’époque, dans le calcul de l’imposition des Cancalais. Il y a lieu de revoir cet impôt car il y a belle lurette que les navires ont appareillé . . . et donc que la recette n’existe plus pour les Cancalais.
Cancale, à l’inverse de Saint-Méloir et Saint-Coulomb, ne possède pas de belles et grandes propiétés,
Plus des ¾ de la population est composée de marins dont une partie est employée sur les vaisseaux de la République et une plus grande partie encore est détenue sur les pontons d’Angleterre,
La pêche, principale ressource, est pratiquement ruinée. Sur les 32 grands bateaux pêcheurs et le 16 moyens que possédait Cancale, il n’en reste plus que 16 et la pêche de nuit est interdite. « Quant à sortir le jour, ils ne peuvent le faire quand bon leur semble car ils dépendent à cet égard du Capitaine d’une chaloupe canonnière dont le caprice fait souvent la règle ! »
La richesse des autres communes est plus grande qu’à Cancale puisque les dîmes y rapportent respectivement :
- à Saint-Méloir : 10.000 livres,
- à Saint-Coulomb : 6.000 livres
- à saint-Benoît : 2.000 livres
alors qu’elles ne rapportent que 2.400 livres à Cancale qui possède pourtant une popu-
lation plus importante !

Le 6 juillet 1800, on fait pour la première fois référence à une dépêche télégraphique, arrivée à Saint-Malo et transmise à Cancale par courrier. Le télégraphe type Chappe est en effet installé à Saint-Malo depuis 1798. Cette dépêche est du 17 messidor, an 8 de la République Française à 9 heures et demi du matin !
Le 11 juillet 1800, la menace d’un débarquement anglais à Cancale, incite la municipalité à renforcer la défense des côtes. On manque de tentes et d’abris et le fait d’avoir réquisitionné des maisons pour y loger les soldats fait que les batteries côtières ne sont presque jamais gardées la nuit. Une demande énergique de matériel est adressée sur le champ par le citoyen Avice au citoyen Parlierne, chef de la force armée de Saint-Malo.
Le 25 juillet 1800, on égorge encore sur les routes. Les chefs de patrouilles arrêteront indistinctement toutes les personnes qui circuleront après 10 heures du soir. Ils feront soigneusement fermer les auberges et cabarets à dix heures. Ils circuleront dans les villages et arrêteront les maraudeurs. Ils feront tous les jours un rapport de leurs opérations qu’ils remettront au chef de Bataillon. Celui-ci le transmettra au maire s’il le juge nécessaire. Enfin, ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour maintenir l’ordre dans la commune. Quelques jours plus tard, une patrouille de la garde nationale de Cancale arrête plusieurs militaires chargés de sacs remplis de leurs larcins !
Le 6 août 1800, le citoyen François Favrot, prêtre de son état, se présente à la municipalité pour se fixer à Cancale. Sa carte de sûreté prouve qu’il est en règle :

République Française, une et indivisible. Le 8 prairial an 8.
Armée de l’Ouest
Conseiller d’Etat
Le citoyen François, Noël Favrot, prêtre de Saint-Malo, peut librement exercer dans les villes et campagnes, le culte de la religion catholique. Je l’exhorte, par les voies de son ministère, au maintien de la paix, de l’ordre et de la soumissions aux lois.
Fait au quartier général de Rennes, pour le Général Chef de l’Etat-Major.
Signé : Tilly

Le 12 août 1800, les patrouilles de la garde nationale sont doublées et circulent toute la nuit sur le territoire de la commune. Le 7 septembre 1800, le citoyen Bonnefoux permet, après des années d’interdiction, aux bateaux pêcheurs de sortir la nuit dans la Baie, mais ils ne devront pas travailler au delà de la zone comprise entre la pointe du Cormorandier et celle de Granville.

Le 11 septembre 1800, après plusieurs incendies dans la commune, le conseil municipal ordonne de ne pas entasser de matériaux inflammables à proximité des maisons. Afin d’accroître la sécurité et l’hygiène, de nouvelles mesures sont prises : - nettoyage des cheminées - réparation ou démolition des murs donnant sur les voies ou chemins - enlèvement des tas de fumier, terreau, engrais et boues qui obstruent les voies publiques et dégagent une odeur fétide.

Le 3 octobre 1800, une loi rend aux hospices civils les biens et rentes qui leur avaient été supprimées. Le maire réclame à ce titre les trois rentes sur le clergé de France pour les pauvres qui étaient attribuées à « la Fabrique de Cancale. » Cette requête est accordée par le Préfet le 14 mars 1801.

Le 27 octobre 1800, Charles G.........., habitant de La Baie à Cancale, déjà condamné à Rennes en 1797 comme faux-monnayeur, est arrêté pour récidive. Il est condamné en Mayenne à la peine capitale. La municipalité demande une copie du jugement pour la faire placarder à titre de dissuasion.

Le 30 octobre 1800, réaction de la municipalité devant les nouvelles interdictions de pêcher. « Les dispositions qui consistent à faire rester les bateaux de pêche au port sont dramatiques pour Cancale dont c’est la seule activité. En effet, la pêche qui se fait dans cette baie est différente de toutes celles des environs. Il y a des règles strictes qui sont observées scrupuleusement. Deux prud’hommes, ou gardes-jurés choisis parmi les maîtres des bateaux-pêcheurs veillent tout spécialement à l’observation des règles. Ils désignent les bateaux et les marées pendant lesquelles les bateaux peuvent sortir pour pêcher. Personne ne peut sortir sans leur autorisation. En plus des gardes-jurés, deux autres maîtres-pêcheurs ont été institués « surveillants » et il ont prêté serment devant le chef de l’Etat-Major de Saint-Malo. Ces surveillants contrôlent qu’aucun bateau ne dépasse les limites fixées et ne communique avec l’ennemi. Si une voile suspecte est en vue, le signal est donné et tous les bateaux rejoignent le port. De même, l’heure d’arrêt de la pêche et de retour au port est indiquée par un signal que tout le monde respecte. Le syndic des gens de mer a établi une patrouille de 4 hommes pour veiller la nuit sur les bateaux qui sont en pêche et cette patrouille continue sa garde alors que les bateaux sont désarmés. La limite des pêches de nuit est fixée entre la pointe du Fort des Rimains et le roc de Granville.

Dans cette organisation, il est donc impossible aux bateaux de sortir séparément sans que tout le monde le sache puisqu’ils partent et rentrent ensemble. Il est inconcevable qu’un seul bateaux puisse aller livrer clandestinement des vivres sans que les autres ne le voient et lui fasse respecter la loi.
Compte tenu de ce qui précède, la municipalité lance donc un appel pour que la liberté de pêcher le jour soit accordée aux bateaux-pêcheurs de Cancale. Ils feront le sacrifice de celle de la nuit bien qu’elle soit plus avantageuse. Les pêcheurs veulent bien se plier aux règles qu’on leur impose, même celles concernant l’étendue des zones de pêche.
Pour les huîtres, ils restent en général à portée de canon du Fort des Rimains. Pour le poisson, ils vont plus au large vers la Normandie jusqu'à la Pointe Champeaux située plus en dedans de la baie que la pointe de Granville.
Par ailleurs, il existe plusieurs moyens de surveillance possibles :
mettre des militaires à bord de chaque bateau,
faire stationner dans la baie un bateau assez fort pour surveiller les pêcheurs,
faire surveiller les pêcheurs par l’officier marin du Fort des Rimains,
faire surveiller les pêcheurs par le poste de l’Ile des Landes et par les autres postes qui sont sur la côte,
faire immédiatement désarmer tout bateau qui ne respecterait pas les règles.
Ces réclamations et propositions ne portent que sur les bateaux assujettis aux règles précitées, c’est à dire 26 bateaux-pêcheurs. Pour les autres bateaux, soit 17 grands et 9 moyens dont 2 ou 3 ligneurs, ceux-ci continueront à rester désarmés puisqu’ils sont obligés de sortir de la baie pour pêcher.

Le 7 novembre 1800, un souterrain est découvert à la Ville-es-Peniaux, dans le jardin du citoyen Tirel. Le 13 novembre 1800, le sous-préfet de Saint-Malo demande que les fouilles soient confiées à un homme de l’art.
Le 15 novembre 1800, une maladie contagieuse sévissant dans le Clos Poulet, le maire Jean Duguen demande aux officiers de santé Fortin et Champion de faire un rapport tous les cinq jours. La municipalité prend par ailleurs des mesures appropriées pour faire respecter la salubrité et la propreté dans la commune.

Le 21 novembre 1800, un arrêté du Préfet Maritime du 3ème arrondissement autorise les bateaux-pêcheurs à sortir dans la Baie à l’exclusion de la pêche de nuit.
 

1801

Après les deux attentats perpétrés contre Bonaparte, la municipalité de Cancale lui exprime son soutien, le 3 janvier 1801. En effet, deux mois plus tôt, le 9 novembre 1800, un sculpteur italien du nom de Joseph Ceracchi, aidé de 3 complices et de l’officier corse Arena, projettent de poignarder Bonaparte dans sa loge à l’Opéra. Ils sont arrêtés dans le couloir puis condamnés à mort et exécutés. Le 24 décembre 1800, rue St Nicaise, Bonaparte échappe à l’explosion d’une « machine infernale » placée sur son chemin, un tonneau de poudre rempli de clous qui fait 10 morts, 60 blessés et détruit 46 maisons !

Le 4 février 1801, le Conseil municipal aborde différents problèmes qui ont leur importance pour la commune : - le bureau de charité - le chemin militaire - la digue de la Houle - les gardes champêtres - les dégrèvements d’impôts - la justice de Paix - le bureau d’enregistrement des actes - l’ouverture d’une caserne aux frais de l’état . . .

Le 9 février 1801, la paix de Lunéville est signée avec l’Autriche. Le 31 mars 1801, la veuve Desbois est de nouveau désignée pour s’occuper du Bureau de Charité.

Le 10 avril 1801, les citoyens Avice et Beaudouin, adjoints au Maire, accompagnés des membres du Conseil, du Juge de Paix, des membres des administrations Civiles, Militaires et Maritimes ainsi que la Garde Nationale, devant une grande affluence de citoyens, se sont rendus au Havre de La Houle, pour assister au Te Deum que les ministres du culte catholique ont chanté à l’occasion de la paix conclue avec l’Autriche un mois plus tôt. Les illuminations et les danses qui ont eu lieu le soir, se sont passées dan la joie , la tranquillité et le bon ordre.
Le 11 avril 1801, la liste électorale pour l’an 9 contient 474 inscrits.
Le 28 avril 1801, une corvette anglaise arraisonne le Jean-Marie, bateau de pêche de Cancale et le remorque jusqu'à Jersey où le capitaine, le citoyen Bauchet, est retenu prisonnier pendant 2 jours. On l’oblige ensuite à embarquer 20 Français pour les ramener sur la côte. Le 1er mai 1801, les préposés aux Douanes arrêtent 9 adultes, 2 enfants et 1 bébé. Les autres passagers ont quitté la Baie avec le bateau qui reste introuvable !
Le conseil municipal de Cancale se fait l’interprète des pêcheurs qui demandent que la nouvelle réglementation sur le maillage des filets ne prenne effet qu’un an plus tard. Puis le 11 mai 1801, l’interprète des propriétaires pour que les loyers des casernes leur soient enfin payésLa fête du 14 juillet est célébrée en grandes pompes et dans le meilleures conditions possibles compte tenu des faibles moyens de la commune.
Le 15 juillet 1801, le Concordat est signé avec les représentants du Pape. Ainsi, désormais :
les évêques sont nommés par le gouvernement,
la vente des biens d’église est déclarée irrévocable,
le clergé reçoit un traitement de l’état et lui prête un serment de fidélité,
les prêtres mariés sous la révolution reçoivent l’absolution de Rome.
Le 20 septembre 1801, le Directeur de la «Poste aux lettres » de Saint-Malo est prévenu que le citoyen Jean Andrieux est chargé du transports des lettres et paquets concernant l’administration municipale de la commune de Cancale.
Le 9 novembre 1801, la municipalité demande au citoyen Palierne de faire distribuer une dotation de cartouches pour la Garde Nationale afin de fêter dignement « la Fête de la Paix générale » instituée par les Consuls.
Le 20 décembre 1801, la municipalité reçoit une lettre du Sous-Préfet l’informant de prévenir les familles des citoyens ci-après qu’ils étaient définitivement radiés des listes des émigrés : - Rose Fauchon femme de Jean Rouxel, - Guy Desbois, prêtre - Mauviel, prêtre.

1802

Le 25 janvier 1802, Bonaparte est élu Président de la République Italienne. Au cours de l’année 1802, les communes de Vildé, Hirel et La Fresnais sont rattachée au canton de Cancale.
Le 4 février 1802, personne ne s’étant présenté comme candidat, le conseil municipal décide de désigner 13 propriétaires « à l’abri du besoin » qui se partageront bénévolement la charge de garde champêtre :
François Chartier Pierre Guyot
François Cadiou François Poidevin
Gilbert Gontier Jean Robinot
Isaac Tual Pierre Longrais
Claude Gauvain Claude Geffroy
Françoi Poidevin, fils Georges Mottais
Guillaume Gilbert
Ils sont autorisés à se rembourser de leurs frais professionnels sur les amendes qu’ils infligeront.
Le 25 mars 1802, signature de la paix d’Amiens avec l’Angleterre. Retour de nombreux marins embarqués sur les vaisseaux de la République ou prisonniers sur les pontons anglais.
Le 8 avril 1802, promulgation, et introduction dans la législation française, du Concordat signé le 27 messidor an IX (17 juillet 1801) entre Bonaparte et le pape Pie VII par lequel :

le catholicisme est reconnu comme la religion de la majorité des Français,
les circonscriptions diocésaines restent calquées sur les départements,
le clergé reçoit une indemnité de l’Etat en échange de la renonciation de l’Eglise a ses biens précédemment confisqués,
le 1er Consul nomme les évêques. Sur les 93 évêques survivants de l’Ancien Régime, qui sont immédiatement invités à démissionner, 55 obéissent, 38 refusent et émigrent à Londres. En 1817, ils ne sont plus que 3 vivants sur 93.

Une loi organique de 77 articles, refusée par le Pape et établie par Bonaparte à la suite du Concordat, est appliquée unilatéralement par la France jusqu’en 1905.
Le 26 avril 1802, l’amnistie est prononcée pour les émigrés.
Le 8 mai 1802, Bonaparte est nommé 1er Consul pour 10 ans. Le 19 mai 1802, l’ordre de la Légion d’Honneur est créé. Le 29 juillet 1802, Bonaparté est plébiscité comme Premier Consul à vie.
Le 6 août 1802, le Préfet nomme Joseph Avice maire de Cancale et Isaac Tual premier adjoint. Jean Robinot est le deuxième adjoint.
Le 30 août 1802, la population de Cancale exprime le souhait de voir mettre le presbytère à la disposition du ministre du culte qui sera nommé dans la paroisse. Le conseil municipal et le Juge de Paix n’ayant plus de locaux, le maire demande que l’auditoire et la halle soient loués à leur propriétaire, la veuve Magon de la Lande.
Le 2 septembre 1802, les maisons des ingénieurs qui construisaient l’Aiguade sont louées pour loger et soigner les pauvres malades de « l’établissement de Charité »
Le 11 septembre 1802, le Piémont est réuni à la France. Le 14 septembre 1802, le Préfet d’Ille-et-Vilaine donne des précisions pour convertir en mesures républicaines les anciennes mesures qui servaient pour les récoltes. Ainsi, le boisseau de Rennes vaut deux décalitres et demi ou 25 litres. L’hectolitre, qui contient 100 litres, représente à Rennes 4 boisseaux à blé. L’hectolitre vaut 10 décalitres.
Le 13 septembre 1802, éviction de Fouché, Ministre de Police.

1803

En février 1803, le prêtres Louis Michel et Joseph Lemaître recoivent leurs certificats d’amnistie et entrent en jouissance de leurs biens en prêtant serment de fidélité au Gouvernement. Le 27 mars 1803, création du franc germinal à l’effigie de Bonaparte. Le 22 avril 1803, le prêtre Guy Desbois est amnistié.

Le 1er mai 1803, la vague anti-cléricale s’estompe et le conseil municipal décide des réparations à faire à l’église et au presbytère. Un devis de 1.715 francs est établit et un droit sur les boissons est créé pour récupérer cette somme. Le 11 mai 1803, déclaration de guerre à l’Angleterre - guerre qui va durer jusqu’en 1815. Le 13 mai 1803, la Louisiane est vendue au USA.

Le 21 juillet 1803, Joseph Girard, 41 ans, préposé aux Douanes au Minihic en Paramé, est retrouvé noyé à La Varde. Ancien adjudant au 2ème Bataillon de l’Ain, en garnison à Saint-Malo, il est donc républicain. La région est infestée de royalistes et les émigrés débarquent clandestinement sur la côte. La Chouannerie a repris dans le département voisin des Côtes du Nord. Il y a des trafiquants partout et les douaniers ont fort à faire, peut-être est-il victime d’un règlement de compte ou d’une vengeance. Quoi qu’il en soit, il laisse trois jeunes enfants : Joséphine âgée de 8 ans, Joseph, 5 ans et Julien 2 ans. Sa veuve, Perrine Porchet, meurt de chagrin 4 ans plus tard, à l’âge de 29 ans. Par leur fils Joseph, ce sont tous les deux les arrières grands-parents de mon arrière grand-père Julien Girard qui se marie le 27.12.1882 à Eugènie Cadiou.

Au mois d’août, Georges Cadoudal (32 ans) débarque clandestinement en Normandie. Le 7 août 1803, le citoyen Alexis Met est nommé curé de Cancale. L’été est tellement chaud que la sécheresse s’installe. L’utilisation de l’eau est réglementée dans toutes la région. A Cancale, il est interdit, sous peine d’une amende de 3 francs, de laver du linge à la fontaine de la Roulette.

Le 16 octobre 1803, ouverture du bureau de Charité sous la dénomination de « bureau de bienfaisance ». Les administrateurs sont Jean Hamon, François Chartier, Louis Collet et le curé Met.

Le 17 octobre 1803, Claude Geoffroy, notaire, Jean Hermon, fils, et Charles Ouvrard sont nommés marguilliers de la paroisse, chargés d’administrer avec le curé les biens de l’église. Dix nouveaux citoyens entrent au conseil municipal :
- Guillaume Champion - Louis Durand
- Pierre Guyot - Jacques Lemeilleur
- Jean Charles Hamon - Joseph Lemarié
- Jean Charles Ouvrard - Jean Pierre Molien
- Jean Baudouin La Croix - François Dubreil


1804

Le 6 février 1804, de nouvelles taxes sont envisagées pour faire réparer l’église car les précédentes taxes sur les boissons n’ont pas été suffisantes et le budget de la commune est déficitaire :

- recettes..................................................... 2.741 F
- dépenses................................................... 3.037 F
- déficit....................................................... 296 F

Curieusement, ensuite il n’y a plus de réunions du conseil municipal pendant plus d’une année, soit le 13 février 1805. Il n’y a que le budget de la commune d’inscrit sur le registre des délibérations !

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Dernière mise à jour :  08 mai, 2002   -  Jean-Paul Trotin