Le
10 juin, elle est à Saint-Jouan ; au milieu de la nuit M. d'Aubigny,
maréchal de camp, qui vient de Châteauneuf,l'emmène vers Paramé,
le 11 vers trois heures du matin. La
nuit suivante, elle est au village de Saint-Vincent en Saint-Coulomb.
Elle ne sera congédiée que le samedi 17 juin,après que la flotte
anglaise eut mis la voile.
Qu'en est-il des compagnies de Roz ?
La compagnie du guet sous les ordres du capitaine Guiller de la
Roche-Blanche ne semble pas avoir participé de près au combat.
La compagnie détachée de Roz, forte de 51 hommes, sous les ordres
du capitaine de Saint Pair de Carlac ( le manoir de Carlac était
situé en Saint-Broladre - Banéat.Tome3, p 350), du lieutenant :
Duynes de la Bégocière et de l'enseigne Longchamp-Poulain participera
à ce que le rapport du 12 septembre 1758 nomme pudiquement l'affaire
de Cancale : elle y perdra son lieutenant Bonaventure, François
Duynes, sieur de la Bégocière (marié le 4 septembre 1742 avec Louise
Guillier) II fut tué à l'assaut des Anglais le 5 juin, il avait
41 ans,et fut inhumé le surlendemain à Cancale. Son service d'enterrement
eut lieu à Roz le 4 juillet(5). C'était le frère de Julien Gabriel
Duynes qui fut recteur de Saint-Georges.
Cinq miliciens de Roz furent faits prisonniers. Dans l'action la
compagnie perdit "7 fusils -dont un fusil crevé en tirant-,
15 baïonnettes, 7 baguettes, 13 fourreaux de baïonnettes, et 5 pulvérins"'(1)
On peut penser qu'il y eut des blessés car la revue du 12 septembre
n'aligne plus que 46hommes.
LE
DEBARQUEMENT DE SAINT-CAST
Le 3 septembre 1758, une flotte d'une centaine de navires passait
devant Saint-Malo pour débarquer le lendemain à Saint-Briac (dans
l'anse de la Fosse). Forte d'environ 9000 hommes, dont 400 dragons,
ce corps expéditionnaire anglais était placé sous le commandement
du général Blight.
Ils s'avancèrent par Ploubalay mais furent arrêtés au passage de
l'Arguenon au Guildo. Stoppés par une centaine de volontaires recrutés
à la hâte par Rioust de Villaudrens qui, solidement retranchés résistèrent
plus de deux jours. Délai qui permi au duc d'Aiguillonde rassembler
les milices : bataillons de Dol, de Saint-Malo puis ceux des régions
de Treguier,Dinan, Morlaix, Brest et Saint-Brieuc. Cette mobilisation
fut réalisée en un temps record pour l'époque.
A l'aube du 11 septembre, ce fut le choc de Saint-Cast. En quelques
heures 1200 Anglais furent tués, 800 autres faits prisonniers, les
survivants harcelés à la baïonnette furent contraints de regagner
leurs vaisseaux.
Côté français les estimations varient de 150 à 200 tués parmi les
miliciens, volontaires et soldats réguliers. Parmi les victimes
figure le capitaine de la compagnie détachée de Roz M. de Saint
Pair de Carlac tué le 11 septembre.
A partir de cette date, l'Angleterre ne tenta plus aucune action
contre nos frontières maritimes.
Les compagnies de gardes-côtes n'étaient bien sûr que des troupes
d'appoint pour l'armée de métier. Mais il faut souligner que leur
rôle ne fut pas nul. Elles ont formé plus du quart des effectifs
du duc d'Aiguillon, qui, sans doute, aurait hésité à s'engager contre
l'ennemi sans cet apport. L'histoire officielle fait peu de cas
de ces batailles ; lors du centenaire de celle de Saint-Cast on
éleva une colonne granitique de 18 mètres de hauteur et de 1,20
mètre de diamètre ; un bas-relief y représente le léopard anglais
terrassé par l'hermine bretonne. Frédéric de LaNoue évoquera la
gloire de ces soldats et de ces paysans par ces vers (6) :
"Tous firent leur devoir,
les soldats de la France.
Et les enfants d'un sol altéré de vengeance
s'élancèrent pareils de courage et d'honneur.
Les simples fils des champs près des fils de Versailles
tinrent ferme à l'envi sous le feu des batailles,
pour toujours égaux par le coeur."
BIBLIOGRAPHIE
(1) Archives historiques des Armées,
Pavillon des Armes du château deVincennes, B P 108
00481 Armées. Dossiers XD IQQ. 101 pt 1Q2. registres YC 673 à 67.
(2) Gardes côtes et batteries de côtes de
la région malouine. 1936, et Historique des batteries de Côtes de
l'arrondissement de Saint-Malo 1935, Abbé J- Descottes, L. Henonéditeur
à Saint-Servan.
(3) Livre de remarques, René Juhel de la
Plesse, 1771, Copie consultée à la Bibliothèque
de l'Association François Duine à Dol-de-Bretagne
(4) Incursion des Anglais à Dol et la garde-côtes
du littoral de Saint-malo au milieu du XVIIIè siècle, Michel Duval,
Le Rouget de Dol, n° 53, 1er semestre 1988
(5) La défense de la région malouine
au, Rennes, 1991, copie consultée à la bibliothèque de Saint-Malo.
(6) Histoire et mémoire de Miniac-Morvan,
n° 6, décembre 1996 Joël Sorette
(7) Manuscrit de Paul Paris Jallobert, Paroisse
de Roz-sur-Couesnon, Copie consultée à la bibliothèque
municipale de Saint-Malo.
(8) La mer et la révolution dans les Côtes
du Nord, Guy de Sallier-Dupin, Les Presses Bretonnes, Saint-Brieuc
1992.
(9) Les corps de garde, Conférence et exposition
organisée Par l'Association culturelle de Pleboulle
(22550), Monsieur Poujade, août 1996.
(10) La milice de l'Ancien Régime en Bretagne,
Yvonick Danard et Armelle Gautier Revue historique des Armées,
n° 4, 1996, B.P. 108, 00481 Armées.In :René Le Doaré (+),
Roz sur Couesnon, recherches autour d'une
commune rurale du pays de Dol, en collaboration avec Michel Pelé.
2000.-----
Germain Baudre, La descente anglaise à Cancale
in Annales d'Ille et Vilaine, tome LIV.
Pierre Lepage, La descente des anglais à
Cancale, 5 juin 1758, in Le Rouget
de Dol, n° 64, 2 semestre 1993.
Michel Duval, Incursion des anglais à Dol
les 9 et 10 juin 1758, in Le
Rouget de Dol, n° 53, 1er semestre 1988.
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