François Marc DUJARDIN,
"Capitaine de prise corsaire" de Robert Surcouf

Notes tranmises par Patrick DUJARDIN
d'après A. Toussaint, Ch. Cunard, R. Surcouf, D. Lailler et F. Roubidou,
Archives municipales, départementales et de la marine et récits de famille
 

     En l'an 6, Robert Surcouf  engage  François Marc DUJARDIN comme premier Lieutenant-major pour sa nouvelle "course" à bord du trois mâts "La CLARISSE ".   Il est le premier dans la liste ( après le capitaine en second, son frère Nicolas Surcouf) et le plus âgé des 12 officiers-Majors,

    La « CLARISSE  = 200 Tonneaux de 14 canons de douze, de dix canons de huit, avec un équipage de 105 hommes d’élite de Saint-Malo et de Nantes et 8 étrangers.
    L’Armateur-négociant nantais est M. COSSIN.

     François est un homme d’expérience. Capitaine de navire de commerce. Il a été choisi pour sa compétence hauturière, sa capacité à  vendre les cargaisons et les prises, et ses liens avec la famille Surcouf. Le départ, pour  les mers d’Asie, a lieu de Painboeuf près Nantes, le 1er fructidor ( 18 août 1798 ).

    A. Toussaint :  
    " En octobre 1798, au sud de St Hélène, la Vigie signale au levé du soleil,  un  riche Brick anglais  l ’ELIZA  droit devant. Il venait de Londres et suivait la même route vers le Cap.
    La  CLARISSE  le gagne de vitesse et après un seul coup de canon
      le prend sans combat à la latitude de Rio de Janeiro.

    Surcouf nomme le Lieutenant François DUJARDIN "Capitaine de prise" avec mission de l’emmener à Port-Louis de l’île de France appelée aujourd’hui île Maurice. C’est la première prise de la course et c’est François qui est désigné pour la mener à bon port soit sur une grande distance. Trois autres prises auront lieu avant l’arrivée à Bourbon, mais elles seront coulées après avoir transféré l’équipage et le butin.
    François Dujardin double le cap de Bonne Espérance, et après diverses chances de mer, atterrit en novembre à St Denis-de-Bourbon de l’île Bourbon appelée aujourd’hui île de la Réunion, car une division anglaise bloque l’île de France. Le trajet a duré un mois environ ce qui semble très rapide. Dès son arrivée, il fait
      procéder au jugement le 19 novembre 1798."

     Son arrivée à Bourbon dû provoquer une grande curiosité. En effet, depuis le début de la guerre, c’est le troisième Navire ou plutôt, équipage, venant de métropole et le premier depuis 1796. « Les autorités de Bourbon voulurent faire vendre la cargaison dans l’île. L’arrivée de la « Clarisse » le 1er janvier 1799 à l’île Bourbon, permit à Surcouf de s’opposer à cette  vente,  car il  savait tirer meilleur profit à l’île de France ou il était arrivé en premier le 15 frimaire de l’an VII  (5 décembre 1798). Les autorités, furieuses, firent payer des droits de douane sur la cargaison. Cette pratique était pourtant normale à l’époque.  La  vente avait habituellement  lieu dans le port d’atterrissage ». L’incident est relaté dans une lettre de François Evin adressée le 15 mars 1799, au directeur de la douane de l’île de France pour lui demander de déduire le montant des droits payés à Bourbon, soit 400 piastres, de ceux acquittés à Port-Louis.

     Ceci n’arrangea pas les relations entre les deux îles rivales. Le 1 er janvier 1799, François Marc DUJARDIN retrouva donc Surcouf et la « CLARISSE » à Saint-Denis-de-Bourbon. Surcouf reparti le 5 janvier 1799 à 9 heures du matin et atterrit à Port-Louis de l’île de France quelques jours plus tard. François quitta Bourbon le 18 janvier seulement, suite aux divers démêles et arriva à Port-Louis le 26 janvier. La vente du  navire et de sa cargaison  rapporta 451.026.344 livres soit 45.102 piastres ou  400.000 F de l’époque. C’était un très bon butin.

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     La "CLARISSE" quitte l’île Bourbon pour une nouvelle croisière le 23 août 1799 qui durera jusqu'au 6 février 1800.      

    Ch. Cunard :
    « Le  4 ou le 5 octobre 1799, toujours près des cotes de Sumatra dans le détroit de la sonde, François  participe à l’attaque du  brick  portugais. La « Nostra Signora de la Conception »  venant de Lisbonne faisait route vers le comptoir portugais de Macao, en Chine. On ne déplore aucun blessé. Surcouf  désigne François DUJARDIN comme Capitaine de prise ».  

François  conduit le navire à l’Ile de France ou il arriva un mois après, le 4 novembre 1799. Le jugement n’a pas été retrouvé. D’après la déclaration du capitaine de prise, François DUJARDIN, faite aux autorités lors de son arrivée, le navire avait à son bord, 250 barriques de vin portugais, 86 000 piastres,  une certaine quantité de monnaies d’or et d’argent. Le navire fut vendu pour 7 500 piastres. Sa cargaison consistait principalement en argent monnayé pour une valeur de 116 000 piastres.  Une piastre valait 5 F 50 centimes jusqu’en 1810. C’était une prise de très grande valeur. Ce sera la plus grosse de toute l’expédition.

Le sabre de François Marc a été donné à Louis Fidèle Marie DUJARDIN, son frère ( né le 7/9/1789 à Cancale), puis a son petit-fils François Léon (né le 7/10/1853 St Coulomb) et enfin à Francis Louis DUJARDIN, Pharmacien à St Malo (né le 16/9/1880 à Cancale, décédé le 12/2/1971 à Saint-Malo) qui l'a offert au musée de St Malo ainsi qu’un jeu de carte aux figures très intéressantes.

Patrick DUJARDIN le 7 octobre 2003