L’abbé Prudent Quémeras (1879-1955)

auteur des « Bois sculptés »

par Jean Quemeras son petit neveu (si cher aux généalogistes cancalais)

 

Prudent, Désiré QUEMERAS (dit Quémerais), fils de Pierre, Louis, marin pêcheur et de Désirée Nicolas, est né le 4 décembre 1879 au port de La Houle à Cancale, en Ille-et-Vilaine. Après des études secondaires au collège de Saint-Malo, il est attiré par le sacerdoce et entre au grand séminaire de Rennes. Il est ordonné prêtre le 28 mai 1904, par le Cardinal Labouré.

Jeune vicaire à Chauvigné, il est nommé en décembre 1907 à l’église Notre-Dame des Grèves de Saint-Malo où il est heureux de retrouver sa famille et la mer qui avait bercé son enfance. La déclaration de guerre le surprend à Médréac où il réside depuis février 1912. De 1914 à 1918, il exerce la fonction de brancardier qui lui dévoile toutes les horreurs de la guerre.

Excellent nageur, il recevra les félicitations du général gouverneur de Dunkerque en octobre 1915 pour «  ne pas avoir hésité à se jeter à l’eau par une forte mer afin de collaborer au sauvetage d’un hydravion et de deux aviateurs » ! La paix revenue, il devient vicaire à Noyal-sur-Vilaine.

D’un esprit curieux et inventif, il trouve alors le temps, en marge de son ministère, d’étudier la possibilité d’utiliser l’amplitude des marées pour la production d’énergie.C’est ainsi qu’il déposera, le 9 mai 1921, une demande de brevet d’invention, qui lui sera ultérieurement délivré, intitulé : « Bassin d’utilisation des marées à fortes amplitudes ».

De décembre 1923 à avril 1928, il exerce son ministère comme prêtre auxiliaire à la Basilique Saint-Sauveur à Rennes où il réside dans un petit appartement de la rue des Portes Mordelaises. C’est alors que , sans avoir jamais fréquenté nul cours ni académie, guidé par sa seule inspiration, il se met à consacrer tous ses loisirs à la sculpture sur bois ! Sa première grande œuvre est une cheminée monumentale qui célèbre la victoire de novembre 1918. Cette œuvre, haute de 3 mètres 12 et large de 2 mètres 10, dénommé « Epopée de la délivrance nationale » nécessite 5 années de travail et représente 89 personnages différents. Elle sera exposée à Rennes en 1925.
Sollicité en 1927, par le Cardinal Charost pour être aumônier des Terreneuvas en remplacement du Père Yvon démissionnaire, il décline cette offre en raison de son âge et de sa santé. Il devient alors, en avril 1928, recteur d’Aubigné où la vue des vergers lui inspire sa seconde œuvre « Le Poême de la Pomme », monumentale cheminée, représentant 118 personnages et nécessitant 5 nouvelles années de travail. Dans la partie triangulaire qui couronne la cheminée on voit la Duchesse Anne de Bretagne qui tient entre ses mains les cornes d’abondance et qui est entourée des hermines, symbole de la Bretagne, région productrice des pommes. Ensuite commence l’histoire de la pomme depuis la scène biblique du Paradis terrestre en passant par toutes les scènes du travail de la pomme, récolte, pressoir, auberge, danse, charroie du cidre pour se terminer par l’alambic ! Les armes de Bretagne voisinent avec les coiffes des Normandes pour bien montrer le rôle de ces deux provinces dans la production de la pomme.

 

En juillet 1933, il se retire à Paramé, à la Pointe du Minihic où il entreprend la sculpture d’une grande bibliothèque de 3 mètres 60 de haut qu’il dédie à « l’Apothéose des Sports » et qui lui demande encore 5 ans de travail !

Devenu « l’ermite de la Varde », il consacre sa quatrième et dernière œuvre à « La Croix du Sacrifice » qu’il réalise de 1940 à 1952 et dans laquelle il évoque les principales scènes de la Passion du Christ.

Déjà décoré des Palmes Académiques, l’abbé Prudent Quémeras reçoit, en 1949, la Croix de la Légion d’Honneur au titre des Beaux-Arts.

 

Cet ancien élève du Collège de Saint-Malo, particulièrement inventif et courageux décède le 14 novembre 1955 et repose en paix dans le cimetière de Cancale. Ses oeuvres sont visibles, en juillet et août, au Musée des Bois Sculptés, à proximité de l’église de Cancale. En dehors de cette périodes les clés sont déposées à la Mairie.

Jean Quémeras
 

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Dernière mise à jour :  03 juin, 2002  -  Jean-Paul Trotin